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"Traquenard express" de Alizée Zian

"Traquenard express" 

Alizée Zian

Je venais de récupérer la valise sur le filet à bagages quand l'homme au chapeau gris anthracite est entré dans le compartiment. C'était le troisième train que je prenais et il était encore là. Mais qui était-ce ? nul ne le savait. J'allais descendre en gare de Cadillac mais il me prit par le bras, et me fit signe de me taire.
Inquiète mais bien décidée à découvrir la vérité, je tentai de lui arracher quelques informations sur la raison de sa filature : " C'en est assez ! Que me voulez-vous ? Et en premier lieu, je veux connaître votre identité. 
- D'accord, mais à une seule condition, c'est que vous cessiez de parler si fort. Je m'appelle Léon*, et je suis détective privé. J'enquêtais jusqu'à la semaine dernière à la charge de votre oncle Charlie. Mais le destin a voulu qu'il s'éteigne peu de temps avant la fin des investigations. Cela dit, le problème n'est pas là. 
- J'ai effectivement appris le décès de mon oncle* par mon amie la femme du boulanger*. J'ai rendez vous chez le notaire en début de semaine prochaine pour régler ses affaires. Mais je ne vois toujours pas pourquoi vous me suivez… 
- Baissez vous ! " 
Et tout à coup apparurent dans le couloir deux hommes à la mine patibulaire, munis d'énormes mitraillettes. Ces drôles de personnages tentèrent d'entrer dans la cabine mais le train freina subitement, les faisant tomber. Le détective me fit sauter par la fenêtre et m'entraîna dans une course folle à travers la campagne. Mais nos poursuivants n'abandonnèrent pas. 
Nous atteignîmes un village. Une chance pour nous, c'était la fête de " La soupe aux choux* ". Nous nous fondîmes dans la foule et pûmes enfin semer les deux bandits. Hors d'haleine, mais soulagés, nous trouvâmes refuge dans la vieille église. Une question me brûlait désormais les lèvres : " Qui étaient-ce ? lançais-je au détective avec un air de reproche 
- Ce sont les gorilles de Didier* MacBeth. 
- Didier MacBeth ? 
- C'est un mafieux à qui Charlie doit beaucoup d'argent. 
- Cela suffit, soyez plus clair, je veux savoir la vérité sur Charlie ! m'exclamais-je 
- Bon… Soit, mais c'est risqué… 
- Oh, je vous en prie, ne soyez pas ridicule, au point où j'en suis… - Ok ! Tout d'abord, si Charlie ne vous a pas mise au courant de ses petites activités, sachez qu'il a agit pour vous protéger. Ensuite, votre oncle n'était pas celui que vous croyiez… Il a arrêté le métier de tueur à gage il y a de cela trois ans, gardant une dette d'environ deux millions d'euros. Il a encaissé la somme mais a refusé d'honorer son dernier contrat. Il disparut du milieu et m'engagea alors pour sa protection. Très vite rendu fou par cette vie de bête traquée, il s'est suicidé. C'était le 9 mars. Mais Didier MacBeth a retrouvé votre trace, pensant que vous aviez hérité de sa fortune cachée. C'est donc pour cela que nous avons vu ses hommes de main tout à l'heure. 
- Ça alors ! Si je m'attendais à ça… Oui, je suis sa seule héritière, mais je ne pensais pas… enfin, vous savez, pour moi, ce n'était qu'un petit représentant en confiserie… Mais maintenant, comment vais-je leur échapper ? 
- Il faut que vous changiez d'identité, que vous modifiez votre physique. 
- Mon physique ? De la chirurgie esthétique ? C'est hors de question ! 
- Il s'agit simplement de changer de couleur de cheveux, de style vestimentaire et de porter des lentilles. 
- Dans ce cas, je suis d'accord. 
- Il faudrait aussi quitter le pays… - Je pense pouvoir aller vivre à Londres, où j'ai de la famille. 
- Très bien, je m'occuppe de tout. Là-bas vous ne vous appellerez plus Mélinda Chamfort mais Mary Smith. 
- Et vous ? Qu'allez-vous devenir ? Ils vous connaissent et n'hésiteront pas à vous tuer ! 
- Ne vous inquiétez pas pour moi, je compte disparaître dans le maquis corse où j'ai quelques amis. 
- Alors ici s'achève notre route, je vous souhaite bonne chance, et peut-être nous reverrons-nous un jour, qui sait ? 
- Bonne chance à vous aussi mademoiselle. Voici l'adresse où vous trouverez vos nouveaux papiers, c'est un ami, je m'en occupe." 
Le temps que je range le précieux petit mot dans mon sac, et l'inconnu avait disparu. En sortant de l'église, le soleil m'aveugla. Je traversai la place où se trouvait une cabine téléphonique. Tout alla alors très vite. J'appelai un taxi pour regagner Bordeaux. Comme prévu, un passeport m'attendait à l'adresse griffonnée sur le petit mot. Je n'osai même pas repasser chez moi. J'achetai un billet d'avion pour Londres. Je partis le soir même pour tout recommencer, tenter d'oublier ce mauvais rêve. 
Les années ont passé, je suis mariée, j'ai trois enfants. Je n'ai jamais reçu de nouvelles de Léon jusqu'au jour où je trouvai sa photo à la rubrique fait divers, en dernière page du Times : " Didier MacBeth, un gangster plus connu sous le nom de " Léon " a été arrêté hier matin alors qu'il tentait de s'approprier l'héritage d'une jeune fille. Il avait essayé de lui faire quitter le pays en lui racontant que ses parents avaient été supprimés par la mafia et que sa vie était en danger. Mais sur sa piste depuis de longues années, la police a réussi à déjouer son stratagème. Plusieurs personnes auraient déjà été escroquées. Ses complices courent toujours… "

* titres de films à insérer dans la nouvelle ainsi que le règlement le stipulait

 

"Hallali" de Romain Pichon

"Hallali"

Romain Pichon

Je venais de récupérer la valise sur le filet à bagages quand l'homme au chapeau gris anthracite est entré dans le compartiment et s'est posté devant la porte. 
Aussitôt la chaleur accueillante et la douce clarté de la lampe qui émanaient jusqu'alors s'estompèrent pour laisser place à un froid agressif. Le compartiment s'enténébra comme si la nuit avait par quelque sorcellerie transpercé la vitre. Mais après ce voyage qui m'avait semblé durer toute une vie, j'étais totalement éreinté et mes sens me jouaient sûrement des tours. L'homme fit un pas en avant et je pus alors discerner le teint blafard et le regard vide qui meublaient son visage. Sa carrure à la fois fragile et imposante se fondait avec les ombres dociles. Une aura malveillante s'en dégageait. 
Je le saluai, plus pour chasser mon malaise grandissant que par politesse, et quittai rapidement les lieux, non sans un doute quant à la nature de cet être. Je me retrouvai dans le couloir du train endormi et en sortis sans me retourner. Mon pied foula le quai, dont l'indicatif numéro quatre clignotait faiblement au-dessus de moi, au moment même où le train s'enfuyait dans les ténèbres. Enfin arrivé. 
Je vérifiai dans ma valise que mon manuscrit était toujours là. Affirmatif. C'est mon éditeur qui va être content : depuis le temps que je lui promets un nouveau livre ! Mon médecin m'avait pourtant déconseillé d'aller le porter moi-même mais nulle maladie ne me ronge. Ces gens là voient toujours le mal là où il n'y en a pas. 
Perdu dans mes pensées, je n'avais pas fait attention à l'endroit où j'étais descendu. Sur mon îlot de lumière clignotante noyée au milieu d'une mer d'ombres dansantes et de ténèbres oppressantes, je restais debout avec pour seule compagnie les étoiles, lointaines, minuscules, perdues dans l'esche d'un pêcheur céleste. N'était-ce pas Pluton qui brillait si fort ? 
Un silence absolu régnait mais en tendant l'oreille, je perçus le cri du hibou* et le staccato des chats-huants derrière moi. Probablement une panne de courant, me rassurai-je. Je regardai ma montre et… elle s'était arrêtée. Les aiguilles, dans leur dernier souffle, indiquaient minuit moins dix. Pas la peine de se faire du mauvais sang*, je n'avais pas changé les piles depuis longtemps et cela devait arriver. Quoi qu'il en soit, je n'étais pas en avance et je décidais de quitter ma sphère de lumière protectrice en direction de ce qui me semblait être un hall de gare. Dans ma progression, mon esprit d'écrivain fantastique bouillonnait d'idées : je projetais déjà d'insérer ce sinistre lieu dans un prochain ouvrage tant il me faisait tressaillir. 
Je me voyais arriver en Ebère, entouré de Nyx, de Seth, d'Hoder, et de tout un panthéon de divinités chtoniennes, attendant la moindre faiblesse de ma part pour s'insinuer en moi, et prendre possession de mon âme de simple mortel. La main du diable* se tendait dans ma direction, inexorable, et de son toucher létal me donnait une fin atroce dont les affres me consumeraient encore bien des années après mon trépas. 
Décidément, je suis trop imaginatif. Une ombre, une forme, une chose, un homme, du moins cela s'en rapprochait, apparut à plusieurs mètres devant moi mais je n'arrivais pas pour autant à en discerner nettement les contours. 
Je l'appelai en accélérant l'allure. Je ne reçus aucune réponse. Il tourna à l'angle d'un bâtiment et en y arrivant, il n'y avait bien sur plus personne. Je cherchai alors une entrée en tâtonnant et me retrouvai devant une immense porte froide, sans vie. J'aurais juré avoir déjà vu une gravure de cette porte au cours de mes recherches pour mes nouvelles. Je ne savais pas que cette gare était si pittoresque. 
Je toquai puis restai à l'écoute. Plus aucun son ne parvenait jusqu'à moi. Le ciel et ses étoiles bienveillantes étaient masqués par un épais nuage. J'étais désormais seul, face à la nuit, cette déesse infernale qui nous hante tant. Je frappai plus énergiquement à la porte et réprimai le frisson que mon appréhension quant à ce qui m'attendait au-delà avait engendré. Il doit forcément y avoir quelqu'un qui sache ce qu'il se passe ici. 
Pour seule réponse, un liquide sombre coula de dessous la porte et s'élança vers moi. Agilement, je fis un pas sur le côté pour l'éviter. Peut-être était-ce un honnête homme qui nettoyait le sol derrière la porte et rejetait ici son eau ? Mais cette eau était bien sombre. Je sortis ma boite d'allumettes, en sacrifiai une et l'approchai de la flaque. C'est une mascarade ! Ce ne peut-être que ça. Une vilaine mystification. Je reculai vivement, lâchant mon allumette. Celle-ci tomba lentement et éclaira pour quelques instants encore le liquide rougeâtre : du sang ! Il s'enflamma en un immense brasier au contact du feu. 
Une frayeur soudaine s'empara de moi, accentuée par la prise de conscience que le sang ne brûle pas. Un homme dont je reconnus le chapeau gris anthracite sortit des ombres et s'avança vers moi. Il était nanti d'une sorte de long bâton surmonté d'une pointe de fer : une faux. Les chaînes d'une crainte incontrôlable me tenaillaient dans cette prison maudite d'ombres et de feu. Je n'aurais alors pu faire aucun mouvement. 
Je me mis à pleurer, je me résonnai en vain et j'implorai des dieux en lesquels je n'avais jamais cru. C'est le salaire de la peur*. L'homme s'avançait encore. Il me tendit sa main gauche en me regardant. L'obscure clarté qui animait ses yeux flamboyants posés sur moi scella mon trépas telle une marque au fer rouge. Maintenant je me souviens de ce que m'avait dit ce savant docteur mais que je m'étais efforcé d'oublier : " Il ne vous reste plus beaucoup de temps à vivre ". 
C'est la mort. La mort qui tue*. La mort qui vient me prendre par la main pour m'emmener.

Films français : Mauvais sang, Leo Carax (1986) Le cri du hibou, Claude Chabrol (1987) La main du diable, Maurice Tourneur (1943) Le salaire de la peur, Henri-Georges Clouzot (1953) La mort qui tue, Louis Feuillade (1913)

* titres de films à insérer dans la nouvelle ainsi que le réglement le stipulait

 

"Adieu l'ami" de Simone Beaumont le Meitour

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"Adieu l'ami"

Simone Beaumont le Meitour

En hommage à Simone, Marie, René Beaumont Le Meitour, écrivain, qui, de par son talent si personnel, avait gagné le 1er prix du Concours de Nouvelles en 2000, le Forum universitaire a souhaité publier "Adieu l'ami".
Ce texte plein d'esprit et d'imagination avait enthousiasmé les jurés et fait l'unanimité. 
Simone Beaumont Le Meitour nous a quittés le 7 décembre 2005, mais elle restera toujours dans nos mémoires comme dans nos coeurs.


Adieu l'ami

Premier prix du concours de nouvelles 2000
Catégorie senior amateur
Simone Beaumont Le Meitour
organisé par le Forum universitaire dont le titre du concours était

" De la plume d'oie à la souris, la langue française s'épanouit "

Festival de la Langue Française de Boulogne-Billancourt.
Vendredi 23, samedi 24 et dimanche 25 juin 2000.

Comme chaque soir dès son retour, le premier geste de Dominique fut d’allumer l’ordinateur, deux nouveaux messages 
étaient arrivés par Internet !

Serait-ce…?

L’ami GRAINE se cassant la tête pour lui expliquer comment faire croître des plants de tomates sur son balcon ?

L’ami DEPAIN pour l’inviter à un goûter en tentant de le rouler dans la farine ? Celui là, il s’en méfie, étant-donné que cette vieille croûte le fait marcher à la baguette et l’a déjà mis dans le pétrin.

L’ami MOLETTE tournant en rond avant de lui faire tout un fromage en le prenant pour un bleu ? Lequel ? 
Laurent BLANC ? Alors là Dominique voit rouge.

L’ami TONNE qui lui signale qu’elle a mijoté un dîner d’amoureux pour qu’il vienne se mettre à table ? (C’est l’agent féminine).

L’ami MOSA qui désire lui faire une fleur en allant lui faire cuire un œuf ?

L’ami DINETTE pour l’inviter à un mini repas un midi ?

L’ami CARÊME qui tombe le masque dans le but de le faire jeûner ?
« La vie est un carnaval » braillait GUETARY.

L’ami RONTON pour faire un bœuf ?
« Mironton, mironton, mirontaine ».

L’ami TSOUKO et l’ami REILLE qui, de concert, se seraient mis dans la tête de le faire chanter ? 
Là, elles font fausse note car il connaît la musique.

L’ami NETTE pour participer à ses propres chatteries ? 
A propos comment appelle-t-on les coiffures brillantes portées par certaines femmes musulmanes ? 
Tu donnes ta langue ? Ce sont des chats d’or (tchadors).
Pourquoi dit-on que dieu est descendu sur terre à l’aide d’un chat ? Parce qu’il est arrivé parmi nous (par minou).

L’ami STIGRI pour faire une partie de carte à la mi-août ?

L’ami LLION pour lui rugir ses richesses ?

L’ami GALE qui aimerait se faire une toile boutonneuse ?

L’ami ELLEUSE, fine guêpe, qui veut butiner malgré qu’elle ait le bourdon ?
« Les abeilles bzzz bzzz ». Sketch interprété par Bourvil.

L’ami CROBE, avorton qui vient me baciller avec le dernier virus qu’elle a récolté dieu ne sait où ?

L’ami COSE (cause) qui ne parle que de ses maladies de peau ou de potes ?

L’ami TRAILLE lui menant une guerre d’enfer pour pouvoir photographier ses démons ?

L’ami LITAIRE qui rêve de le mettre au pas ?

Avec l’ami BIDASSE on ne se quitte jamais.

L’ami SSILE pour lui lancer une fusée d’œillades ?

L’ami RETTE pour lui faire de l’œil ? Ma petite, cette fois ce serait œil pour œil dent pour dent ! ! !

L’ami CRO (croc) qui a toujours la dent et se fait toute petite pour qu’il l’invite pour le déjeuner ?

L’ami CROSCOPE qui souhaite qu’il le conseille sur un régime amaigrissant ?

L’ami RADOR qui aimerait l’observer de son regard hautain ?

L’ami RAGE en colère qui se fait des illusions ?

L’ami QUETE (miquette) qui craindrait de lui réclamer de l’argent ?
A l’église ce brave Monsieur TAQUET avait été choisi pour faire la quête et nous pouffions en nous disant (TAQUET quête, TAQUET quête).

L’ami SSEL qui aimerait qu’il se poivre religieusement ?

L’ami NARET et l’ami STIQUE(mystique) qui souhaitent l’entraîner dans un séminaire ?

L’ami SSIONNAIRE qui lui enseigne sa position ?

L’ami DON qui, comme il est très raide, lui fait cadeau de sa personne.

L’ami SSISSIPI pour éditer un roman fleuve ?

L’ami SSOURIS (souris) qui grignote l’ordinateur en faisant risette ?

L’ami LAN (lent) qui l’emmènera se traîner en Italie ?

L’ami GRATEUR (gratteur) qui lui aurait trouvé du travail à l’étranger ?

L’ami NOIR qui voudrait le mettre à rude épreuve en Afrique ?

L’ami STRAL qui aurait eu vent de son voyage aux îles d’or ?
Non c’est …L’ami TCHELL, alors, c’est autant pour elle !

L’ami AMI qui rêve d’une grande plage avec lui ?

L’ami TSUBISHI qui va lui faire essayer son bolide ?

L’ami NERVE qui rêve de lui masser le cou en toute sagesse ?

L’ami NERVOIS pour le coup de l’étrier ?

L’ami DI qui lui lance des pics ? Elle n’était pas laide Lady,… dit ?

L’ami RACLE pour gratter dans sa cour ?

L’ami TEMPS pour faire une pose ?

L’ami RABEAU pour ne pas rester de bois devant le Tiers-État ?
A l’heure actuelle, ça serait plutôt l’état de mon tiers ! ! !. Je sais…, tu t’en fiches du tiers comme du quart 
! ! ! …Ce n’est pas l’avis de ma moitié qui m’a déjà doublée pour siroter son demi.

L’ami TAINE qui prend des gants, faisant des pieds et des mains pour le séduire ; pour en finalité dire pouce ?
Il est vrai qu’elle n’y est pas allée de main morte. Mais lui non plus n’a pas la main d’un saint ; il l’a plutôt leste.

L’ami ROIR qui n’a pas réfléchi et qui est resté de glace devant les alouettes sans têtes du dîner ?

L’ami TOYEN sans doute pour faire le mur ?

L’ami STERE (mystère) qui va enfin lui déboiser son secret ?

L’ami NOIS (noye) qui, avec son visage d’ange, voudrait l’immerger ?

L’ami KADO (cadeau) qui lui offre un jeu japonais ?

L’ami TOSYL qui laissera l’effet se faire (les fesses faire) ?

L’ami XOMATOSE qui désire qu’il l’appelle « mon lapin » ?

L’ami OCHE (Hoche) qui, comme en général, va faire l’enfant ?

L’ami NESTRONE qui, bien qu’encore dans le potage, laisse un message bien trempé ?

L’ami ROBOLANTE qui lui propose d’aller jouer sur le champ pour empocher Des gains mirifiques ? 
of course ! ! !

L’ami PIERRE (oh !) pour que je lui décroche la lune ?
Ah ! quelle fraîcheur l’ami Pierre de la claire fontaine ! Tu t’appelles Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église (St Pierre). Tiens en parlant de vieilles pierres 
« Pourquoi les hommes de l’âge de pierre avaient-ils des difficultés pour gravir les cols ? »
« Parce qu’ils n’avaient pas encore inventé le vélo silex. »
Quand Pierre s’approche de vous un petit peu d’trop prêt avec son air chiffon, vous lui balancez 
« tu me serres Pierre » (serpillière). 
Quand il a abusé de la dive bouteille après le souper, vous pouvez lui dire « Tu es saoul Pierre(soupière)».

L’ami CHELE (mère) qui cherche joyeusement son chat dans la rue du même nom ?

L’ami XITE pour lui en faire voir de toutes les couleurs ?

L’ami NUTERIE qui, bien que n’étant pas une lumière, souhaite le brancher ?

L’ami LLE PATTE pour l’aider à trouver chaussure à son pied ?

Dominique, qui a maintenant atteint un bon demi-siècle, doit stopper là, la mythomanie pour chausser ses lunettes
et découvrir ses messages.

« Allons-y l’ami souris »

Premier message :

« Viens sans faute à l’amicale de la mission, nous ne toucherons pas à la vache folle.»

L’ami STEAK ( la mistake)

Second message :

« N’y allez pas, c’est un sale ami qui va vous saucissonner et ça sera pour vos pieds.»

L’ami SFIT ( la miss feet).

En souvenir de Simone Beaumont le Meitour

L'original de ce texte nous a été remis par son mari, Patrice Beaumont le Meitour.
Qu'il en soit vivement remercié.

 

"Adagio for a Schtroumpf" de Laurent Quenon

"Adagio for a Schtroumpf"

Laurent Quenon

 

Des B.D. s’amoncelaient en piles dès l’entrée du magasin. J’en pris une. Quelle surprise ! Car sur la couverture de l’album s’étalait mon portrait, oui, mon portrait : c’était bien moi, moi tout dessiné, moi et je n’en revenais pas.

Le libraire partit d’un grand sourire et me félicita : « Là je dis bravo ! ». Mon regard interrogatif l’incita à poursuivre : « Ca c’est de la promo ! ». Je bredouillais quelques mots, sortais un peu de monnaie et rentrais dare-dare chez moi, l’esprit vide et la B.D. sous le bras.

Je verrouillais la porte et posais l’ouvrage sur mes genoux. Tout y était : ma peau bleutée, mon nez gascon et mes grands yeux caucasiens. On avait même poussé le vice jusqu’à doter le personnage du bonnet blanc que j’ai toujours trouvé très look et qui, du coup, en devenait grotesque.

L’auteur s’était également servi de mon nom de famille, Jean-René Schtroumpf, d’une digne famille de l’Yser.

Un sentiment profond d’insécurité prit subitement racine en moi.

Après tout, me dis-je, est-ce si grave que l’on se soit inspiré -peut-être par hasard d’ailleurs- de ma conformation physique pour créer un personnage de B.D. ? Peut-être pourrai-je tirer l’un ou l’autre avantage d’avoir mon visage ainsi exposé…

Et puis, j’aurais pu tomber pire : un Schtroumpf c’est plutôt sympa. On le laisse vivre. Qui s’en prendrait à lui ?

Effectivement, les choses se passèrent assez bien. Les enfants m’entouraient pour me fêter, réclamant embrassades et autographes. L’enthousiasme des bouts de chou m’amusa quelques semaines jusqu’à devenir un carnaval horripilant. Je me mis à éviter les sorties d’école comme la peste, frôlant la crise de nerf au moindre cri d’admiration.

Pour tenter de me défaire de ce trop plein d’affection assez inattendu, j’employais un subterfuge. Je me badigeonnais le corps de peinture noire pour faire disparaître les reflets bleutés de mon épiderme.

Sur le coup, ça a plutôt bien marché. Je fus même accueilli à bras ouverts par la communauté camerounaise qui me prit pour l’un des siens. Nous partageâmes quelques repas forts festifs où j’oubliais pour un instant ma triste condition. Mais il fallut que sorte l’album « Les Schtroumpfs Noirs » de sorte que mon déguisement devint illico caduque.

Pire : je ne pouvais pas sortir sans que les gosses ne cherchent à me mordre les fesses en hululant des « gnap! » à tire larigot. Il advint même que des mères indignées, croyant assister à un nouveau genre de perversion, firent appel à la maréchaussée.

C’est quand ils se mirent à produire de façon industrielle des tasses, assiettes et bols à mon effigie que la coupe se mit à déborder du vase. Cela vous plairait-il qu’un marmot mal élevé et tartiné de confiture se régale d’un chocolat chaud dans ce qui représente votre tête ? Ou pire : y repique des saloperies de radis dans un fond de terreau ? Ou de la salade à couper ? Une jacinthe ?

Et bien moi ça ne me plut pas. Pas du tout. Je suis réaliste. Nous vivons une époque troublée. Ca ne me dit rien qui vaille d’imaginer qu’apparaisse un jour à mes dépens cette manchette dans les journaux : « Un déviant mental a décapsulé le crâne de monsieur Jean-René Schtroumpf pour y repiquer ses poireaux ! » ; « Un cri à vous glacer le sang ! témoigne la concierge de l’immeuble » ; « La victime, transformée en légume à vie ».

Affolé, je pris rendez-vous avec l’éditeur de la B.D. pour tenter de lui expliquer mes déboires.
- Il est clair qu’à ce niveau de ressemblance, conclut ce personnage au demeurant fort poli, ce n’est plus tout à fait de la B.D. sans être tout à fait du roman photo. Mais, honnêtement, qui s’en soucie, cher monsieur ?
Je quittais les lieux, plus déboussolé que jamais.

Mes ennuis s’aggravant au fur et à mesure que grandissait la popularité des lutins bleus, j’en fus réduit à porter l’affaire devant le tribunal de Nanterre.

A mon grand étonnement, l’avocat général prétendit que je recherchais la publicité à travers ma ressemblance. « Il s’agit ici d’un problème d’ego ! », assena-t-il, clôturant son réquisitoire en me conseillant vivement une psychanalyse. L’argument fit mouche et je perdis le procès. D’autant qu’aucun des jurés ne voulait être tenu pour responsable par ses propres enfants de la disparition des Schtroumpfs ! Je devenais par-là même la copie, n’ayant plus qu’à subir mon sort sans broncher.

Cette dépossession de moi me rendit fort amer. Ne supportant plus l’idée même de la vie, je tentais de me noyer. Au dernier moment, retenu par l’insupportable vision de milliers d’enfants atterrés par la noyade d’un gentil Schtroumpf, je réintégrais ma voiture.

Un Schtroumpf noyé. Qui l’aurait compris de toute façon ? On ne peut pas être plus bleu que bleu.

Alors que je ne croyais plus en rien, tout changea grâce au caprice d’un gosse de riche. Son père, un industriel Mosan, retrouva ma trace, entre les bas quartiers de Lille et le pont Mireille. Sans préambule il me proposa un véritable pactole annuel pour servir de cadeau d’anniversaire à son fils. Je n’y vis aucun inconvénient. D’autant que le gosse me paraissait gentil. Richard : ça ne s’invente pas.

Depuis lors je joue au vrai-vrai Schtroumpf qui se prête à tous les jeux. Je borde Richard, j’accueille avec enthousiasme ses petits amis, je lui fais engloutir son quatre heure et je fabrique des fusées en carton pâte… Au moins suis-je protégé du monde extérieur.

Mais si vous saviez comme des yeux d’enfant peuvent devenir cruels ! Quand Richard pique une colère, il envoie valdinguer tout ce qui est à portée de main. Pour le moment, je n’ai rien à craindre : mes nonante kilos me mettent à l’abri. Et puis, un jouet tout neuf, ça s’économise. Mais ça changera. Il va vieillir le Richard.

Il en est des goûts des enfants comme du reste : ça change du jour au lendemain sans raison apparente. Et les changements d’idée sont sanctionnés de façon fort violente dans le coin. Plume, l’Oie Magique, a terminé sa vie dans le feu ouvert.

Que va t’il advenir de moi ?

D’ici là, chaque fois qu’il prend à Richard l’envie de dessiner, je fais tout pour l’en empêcher : hors de question qu’une telle mésaventure se reproduise !

Quelle schtroumpf !*

* Quelle guigne !

"L'homme invisible" de Jacques Bardet

"L'homme invisible"

Jacques Bardet

Des B.D. s’amoncelaient en piles dès l’entrée du magasin. J’en pris une… quelle surprise ! Il s’agissait de cette série que mon frère et moi lisions assidûment durant notre enfance. Nous y consacrions des après-midi entière, assis à même le sol. Rien de surprenant à ce que ce brocanteur dispose de cette vieille série, mais une sourde intuition m’amenait à penser qu’il s’agissait de NOS bandes dessinées ! La tâche sombre en haut de la couverture, par exemple… Oublié sur un radiateur électrique, j’avais endommagé ce même numéro à cet endroit précis ! Je feuilletais les pages, oubliant le brouhaha des chuchotements qui tissaient un fond sonore arachnéen. C’est le cœur battant que j’arrivais aux dernières pages. Là, d’une écriture toute en rondeur, notre mère inscrivait au stylo-bille bleu l’année et le « prétexte » du cadeau : anniversaire, Noël, « petite souris »… Mais avant même d’en arriver à l’emplacement du sceau familial, je savais. Je savais que cette B.D. était celle qui m’avait tant fait rêver jadis. Je savais également que cette pile posée négligemment près de la porte, c’était TOUTE notre collection. Dans cette brocante, notre passé était en vente. Dans un autre contexte, tomber par hasard sur un élément surgit du passé eut été émouvant. En l’occurrence, une douloureuse colère commençait de gronder en moi.

Depuis que mon frère s’était marié, une distance s’était doucement installée entre nous. Par la force des choses, dirons-nous. À la mort de notre dernier parent, nous fûmes amené à nous rapprocher Même si le contexte n’était pas heureux, je pris plaisir à le revoir ainsi que son épouse après ces années d’éloignement. Nous nous sommes acquittés sereinement des aigres obligations que convoquent ce type d’évènements : notaire, succession, partage du mobilier et des objets de la maison familiale. Je me souviens très bien de notre accord concernant notre collection de bandes dessinées à laquelle nous tenions tout autant l’un que l’autre. Il avait déjà deux fils et conserverait donc la série jusqu’à nouvel ordre. Nous sommes restés en contact téléphonique quelques mois durant. Brusquement rapprochés par la douleur, et la troublante sensation qu’une page de notre histoire se tournait. Que le temps nous avait joué un mauvais tour à tous les deux, alors qu’il nous semblait avoir appris à le maîtriser un peu… Puis ces mêmes « choses de la vie » nous éloignèrent à nouveau. Nous reprîmes nos places respectives, chacun du côté de son quotidien.
Jusqu’à ce que son épouse, moins d’un an plus tard, m’appelle au bureau un après-midi. Elle était dans mon quartier et se proposait de m’offrir un verre. Je ne me formalisais pas outre mesure de l’invitation étant donné l’originalité de caractère que je lui connaissais depuis toujours. On s’est retrouvé dans un café et très vite, elle a rangé son visage lisse et rieur pour me poser des questions sur son mari. Je commençais de jouer avec mon verre de bière, tic de concentration hérité de mes années universitaires. En face de moi, une femme désemparée cherchait de l’aide : « depuis plusieurs mois, il est totalement absent. Ses enfants, son travail, moi… plus rien ne l’intéresse… ». Elle parla ensuite de ces objets qui disparaissaient. Rien qui ne soit de grande valeur : un jouet que les enfants réclament, un bijou fantaisie qui lui tenait à cœur, des dessous qu’il lui avait offert… « Rien d’important » souligna-t-elle à plusieurs reprises, mais elle avait la certitude qu’il mentait lorsqu’elle le questionnait à ce sujet. L’enterrement qu’il semblait avoir surmonté aisément n’était certainement pas étranger à tout cela. Je la quittais sans lui avoir été d’un grand secours, et à vrai dire, sans prendre tout cela trop au sérieux. Mon frère traversait un passage difficile, tout au plus. Je m’engageais cependant à « l’appeler rapidement ».
Cette phrase résonnait encore en moi lorsque le brocanteur me fît une offre pour le lot de bande dessinée. J’acceptais sans négocier, ce qui ne lui fît qu’à moitié plaisir. Dehors, l’air vif de l’hiver me rafraîchît les idées. Je marchais plus que nécessaire pour regagner la voiture, cherchant dans une déambulation aléatoire un soulagement que je ne trouvais évidemment pas. Mon frère a vendu notre collection de BD sans m’en dire mot. Un acte absurde (il n’avait pas besoin d’argent, me semblait-il…) qui entrait en résonance avec les inquiétudes dont son épouse m’avait entretenu quelques jours auparavant. En rangeant les B.D. dans le coffre, je me décidais enfin à l’appeler.

Effectivement, je l’ai appelé. Nous avons convenu d’un premier rendez-vous auquel il s’est dérobé sous un prétexte futile. À ma seconde tentative, je lui proposais de passer à la maison. Après l’avoir attendu plus d’une heure, j’appelais chez lui pour lui dire ma façon de penser. Il devait être 22 heures, et il n’était pas rentré du bureau. En fait, il n’est jamais revenu de son bureau : on ne l’a plus JAMAIS revu. Il s’est littéralement volatilisé dans la nature. Avec son épouse, nous avons rapidement signalé sa disparition aux services de police. Puis engagé un détective privé. Puis un autre, et un autre encore. D’après l’un d’entre eux, il était très certainement parti à l’étranger. C’était le meilleur des scénarios à envisager. Tout cela s’est passé peu de temps avant que je ne rencontre Cécile. À l’heure qu’il est, notre petite fille va bientôt fêter son cinquième anniversaire. 
Le temps a passé et malgré cela, le trouble s’empare encore de moi lorsqu’en entrant dans sa chambre, je la découvre en train de lire un numéro de « L’homme Invisible ». C’est le titre de notre collection.

 

"Tous voisins" de Laurence Barrère

"Tous voisins"

Laurence Barrère


Des BD s’amoncelaient en piles dès l’entrée du magasin. J’en pris une… Quelle surprise ! Une fumée colorée avait jailli des pages ouvertes ! L’album m’échappa des mains et une longue silhouette se matérialisa devant mes yeux : chapeau blanc, chemise jaune, foulard rouge, un épi de blé à la bouche… Damned ! N’avais-je pas devant moi, en chair et en os, le fameux lonesome cow-boy ?
– Lucky Luke ! 
– Ouaip !
– Mais que …comment ?
– Quand est-ce qu’on mange ? fit une voix nasillarde.
– La ferme, Averell !
Je pivotai sur mes talons : les quatre frères Dalton se tenaient derrière moi, et croyez-moi, ils n’avaient pas l’air engageant ! Surtout Joe, qui me fixait d’un regard farouche :
– C’EST MOI ! me hurla-t’il au visage. MOI, ET PERSONNE D’AUTRE !
– Pardon ? fis-je, stupéfaite. 
– JE SUIS VOTRE VOISIN !
– Voyez-vous ça ! lança une voix grave et moqueuse sur ma gauche.
Mon Dieu, mais ce n’était pas possible ! Je chancelai et dus me retenir au comptoir de la librairie… Ce bel homme au visage viril… c’était Largo Winch !
– Ça ne va pas ? s’enquit-il en avançant…
– Toi, le bellâtre, on ne t’a pas sonné ! grinça Joe Dalton.
– Du calme, Joe !
– Du calme, Joe !
– Joe, du calme !
– Ouah, ouah !
Rantanplan ? Ah non, tiens ! C’était … Milou !
– Je dirais même plus… 
Les frères Dupondt venaient de faire leur entrée…
– Mais que faites-vous ici ? interrompis-je. Vous n’êtes pas censés sortir de vos albums !
– Eh bien, expliqua Largo Winch – Dieu qu’il était séduisant ! – nous savons que vous participez au concours de nouvelles du Forum Universitaire…
– Oui…
– Sur le thème « Votre voisin est un personnage de BD. »
– Oui, mais…
– N’êtes-vous pas venue trouver l’inspiration en ces lieux ? Choisir votre personnage ?
– Euh, si …
– Ne cherchez plus ! Cet heureux voisin, c’est…
– Moi ! coupa Lucky Luke. C’est mon album que vous avez feuilleté en premier, c’est donc à moi que…
– Dis donc cow-boy ! le coupa Joe, furax. Moi aussi j’étais dans cet album !
– Du calme, Joe !
– Joe, du calme !
– Messieurs ! Mademoiselle n’a certainement pas envie d’un hors-la-loi comme voisin ! Alors qu’une respectable héroïne dans mon genre…
Adèle Blanc-Sec était apparue, époussetant sa robe et son chapeau. Une voix suave l’interrompit…
– Tant qu’à choisir une femme, elle pourrait en prendre une jolie !
Natacha se tortillait derrière le comptoir, vêtue d’un uniforme très, mais très ajusté. Les quatre mâchoires des frères Dalton se décrochèrent en même temps… 
– Monsieur Winch ! minauda l’hôtesse de l’air. J’ai lu votre dernière aventure… Ohhh !
– Chère amie… s’inclina Largo en lui baisant la main.
– Dites… on ne vous dérange pas ? 
Une odeur de cuir, de cheval et de sueur envahit le magasin. Adèle Blanc-Sec plissa le nez d’un air dégoûté...
– Oh, monsieur Blueberry ! s’exclama Natacha en battant des cils. J’ignorais que vous veniez ! 
– Il aurait pu s’abstenir ! dit Lucky Luke, nonchalamment appuyé sur une pile de livres. Un cow-boy ici, c’est suffisant ! 
– Ah ouais ? grogna Blueberry, écartant légèrement le pan de son long manteau. Je vis luire dans l’ombre une crosse de revolver…
– Oh, oh ! fis-je. Vous n’allez pas vous battre, non ? Tout cela pour apparaître dans un récit, même pas illustré ! C’est un peu gros, vous ne… ?
– QUI EST GROS ? rugit une voix indignée. 
Tous les personnages firent un pas en arrière…
– Obélix, non ! 
Astérix le retenait par la ceinture…
– QUELQU’UN A DIT QUELQUE CHOSE AU SUJET DES GROS ?
– Mais non ! 
Le petit gaulois se redressa, ôta son casque ailé et fit une courbette…
– Chère Mademoiselle, en tant que représentant des Français, je sollicite…
– Représentant des Français ! Ah, je vois ! C’est de la ségrégation ! 
Yoko Tsuno était apparue, mince et sportive dans sa tunique rouge. À sa vue, Natacha eut une moue méprisante…
– Peuh ! Si elle croit, celle-là, que…
– Que…? l’interrompirent, en chœur, des hommes et des femmes à la peau bleue qui s’étaient massés derrière la jeune japonaise...
– Des extra-terrestres, maintenant… soupira Tintin, alors que Milou grognait en regardant Khâny, la belle vinéenne bleue et blonde…
Les murmures enflèrent, se transformèrent en un violent brouhaha… Des injures, des claques… Soudain, une queue de marsupilami, serrée en forme de poing, fusa…« Aie ! » « Ouille ! » « Mille milliards de… » « M’enfin ! »… 
Je frappai violemment du poing sur le comptoir :
– CA SUFFIT ! 
Un silence immédiat retomba dans la boutique. Obélix serrait dans sa main un Michel Vaillant ratatiné en accordéon ; Corto Maltese saignait du nez en noir et blanc ; d’une masse informe de poils emmêlés émergeaient les museaux de Bill, d’Idéfix et de Rantanplan ; le lieutenant Blueberry, au grand dam de Lucky Luke, avait capturé les Dalton au lasso ; Adèle Blanc-Sec, le chapeau de travers, agrippait une mèche blonde entre ses doigts… 
– Ecoutez-moi bien, bande de cinglés ! Extra-terrestre ou terrien, homme ou femme, chien ou cheval, je m’en fous ! Vous êtes tous bons à interner et je refuse de choisir parmi vous le héros de ma nouvelle !
Ce fut un beau tollé ! 
– J’AI DECIDÉ… continuai-je et aussitôt le silence revint… J’ai décidé d’écrire à partir de l’autre thème du concours, celui dont la première phrase est : « Des BD s’amoncelaient en piles dès l’entrée du magasin. J’en pris une… Quelle surprise !… »
– Pfff ! souffla Obélix. N’importe quoi ! Viens Astérix, rentrons au village ! Panoramix a organisé un banquet ce soir…
– L’aventure m’appelle… s’esquiva Corto Maltese. On m’a parlé d’une vieille légende…
Les frères Dalton rentraient déjà à la queue leu-leu dans leur album et Gaston Lagaffe remballait son Gaffophone… Adèle Blanc-Sec, qui se raplatissait en deux dimensions, me toisa de la tête aux pieds :
– Ma pauvre amie, dit-elle d’un ton pincé, ça m’étonnerait que vous tiriez quelque chose de cette phrase…
Elle s’évaporait peu à peu… Les autres personnages n’étaient plus que des tâches de couleur, des contours flous… J’entendis encore ces quelques mots, comme venus de très loin…
– Apprenez qu’il ne se passe jamais rien dans un magasin de BD !

Merci à Messieurs Morris, Goscinny, Uderzo, Van Hamme, Tardi, Franquin, Pratt, Leloup, Giraud, Walthery … et tous les autres !

 

"Rêve réél" de Dahee Kim

"Rêve réél"

Dahee Kim

Des BD s’amoncelaient en piles dès l’entrée du magasin. J’en pris une… quelle surprise ! 
C’était ma BD préferée :“Mickey”.Quelque chose de plus fort que moi me poussa à la lire.

Il y avait à la première page, une grande photo de Mickey et Minnie qui me souriaient en me tendant les bras comme pour m’inviter. Tout à coup, une lumière aveuglante m’éblouit et je fus prise comme dans un tourbillon, complètement étourdie, ne sachant ce qui m’arrivait.

Lorsque je repris mes sens, je me retrouvai dans une petite maison bien meublée. Devant moi se tenaient Mickey et Minnie, en chair et en os .Toute étonnée, je me demandais si je n’étais pas en train de rêver. Mais non ! C’était bien réel. J’étais avec mes personnages de BD préférés.
- Alors D… ça va mieux maintenant ? me dit Mickey.

Il m’était difficile de parler mais je bafouillai quelques mots.Voyant que j’étais très choquée, ils essayèrent de me détendre en ajoutant :
- Nous savons depuis longtemps que tu nous aimes et que tu lis toutes nos aventures,c’est pourquoi nous t’avons fait venir pour passer quelques temps avec nous.
Au moment où il acheva sa phrase, Dingo entra précipitamment dans la maison et annonça :
- Il y a un terrible tremblement de terre au centre-ville !

Nous sautâmes immédiatement dans la voiture et nous nous rendîmes au centre-ville. Ce que nous vîmes était inimaginable : les immeubles s’écroulaient par dizaines; il y avait des incendies; les enfants et les femmes criaient et pleuraient; les gens couraient dans tous les sens cherchant à se mettre à l’abri.
Au bout de la rue, un gigantesque rat sortit des égouts brisant le bitûme. Il était affreux et semblait affamé. A ce moment, les gens étaient terrorisés à l’idée de se faire dévorer par la bête.

La police, alertée, arriva sur-le-champ avec des voitures blindées, des lance-roquettes, des hélicoptères et leur armement lourd en vue de neutraliser le gros rat. Mais d’un coup de patte de l’animal transformait tous en pâté de rat.
Inquiété par cette résistance imprévue, le commissaire Flicayon fit appel à Mickey et Dingo pour les aider. Minnie et moi restâmes debout près de la voiture regardant impuissamment les choses se passer.
Pendant quelques temps, je restai là à observer la bataille. 
Subitement il me vint une formidable idée. Par chance, deux immeubles étaient encore debout. Vite j’allais proposer ma solution à Mickey.
On fit tendre un énorme filet entre les deux immeubles et à l’aide des hélicoptères, on réussit à l’entraîner dans le piège. On le captura et on l’emmena dans un gros cargot. Mickey et les autres militaires enfermèrent le monstre dans une très grande cage avec des centaines de barreaux, des caméras de surveillance, une dizaine de gardes. On lui fit une gigantesque piqûre, pour l’endormir et le calmer pour très longtemps.

Le lendemain matin, tous les savants et les scientifiques vinrent examiner la bête et on découvrit dans son sang un étrange produit qu’ils n’arrivaient pas à déterminer. Il fallait absolument percer le mystère de ce produit sinon d’autres catastrophes de ce genre pourraient se produire. 
Mickey était déjà fier de moi et me demanda de l’aider à éclaircir cette affaire.
Après une enquête infructueuse au près des témoins, nous nous rendîmes dans les égouts à l’endroit où était sorti le monstre. Après quelques heures de fouilles, Mickey trouva un indice. C’était une seringue contenant quelques millilitres de produit. Je la ramassai et nous la portâmes au laboratoire pour une analyse.
Plus tard, les savants découvrirent,lorsqu’on’injecte le produit aux animaux, leur taille est multipliée par mille. Il fallait maintenant trouver l’auteur de cette invention.

Au centre scientifique, je remarquai que tous les savants tous venus sauf le professeur Perlaboule. Cet douteux était précisément en vacances. Mickey fit ouvrir son bureau et les documents confidentiels qu’ils y trouva me donnèrent raison : C’était effectivement le professeur Perlaboule. Mais où le trouver ?
Toute découragée, je retournai chez Mickey et me relaxai devant la télé. Dans un reportage, on montra la partie des égouts d’où était venu l’énorme rat. Je vis un tunnel ; quelque chose qui ressemblait à une porte.
J’en parlai à Mickey et le lendemain, nous allâmes affronter les éventuelles portes que nous trouverions sur notre chemin. En utilisant le pied de biche, nous réussîmes à forcer une porte qui s’ouvrit avec un petit bruit sec. Nous fûmes surpris de nous retrouver dans un laboratoire secret.Mickey avertit le commissaire pui vint nous rejoindre avec ses hommes. Les policiers, Mickey et moi entrâmes dans le laboratoire à petit pas et découvrîmes plusieurs grosses cages à l’intérieur desquelles se trouvaient des animaux qui n’étaient pas à la fin de leur croissance mais dont la taille était déjà énorme.

Au fond du couloir, à gauche, je vis une porte. C’était la chambre du professeur Perlaboule. Tout doucement, le commissaire tenta de l’ouvrir mais la porte était fermée. Il fit alors appel au sergent Grobras qui d’un violent coup d’épaule fit voler la porte en éclats.
Le professeur qui s’était réveillé en sursaut, prit une échelle et tenta de s’échapper en escaladant le mur. Dans sa précipitation, il trébucha et tomba dans la cage du gros chat qui arracha sa tête d’un coup de crocs.

Tout le monde fut choqué par la mort tragique du professeur Perlaboule. Plus tard après l’inspection du laboratoire, on trouva l’antidote du mégagrosisseur et on rendit aux pauvres bêtes leur taille normale. Mickeyville redevint la petite ville paisible qu’elle était.

Cette même nuit, je m’endormis dans un sommeil très profond.

Quand je me reveillai, j’étais couchée dans l’allée du magasin de journaux et des gens étaient autour de moi. Inquiets, ils se demandaient ce qui m’était arrivé. Je leur souris et dis que je venais de vivre l’aventure la plus fabuleuse au monde . Ils me regardèrent alors tous comme si j’étais folle, mais moi j’étais heureuse.

 

"Gilmora au Pays Perdu" de Gilmara Delaunay

"Gilmora au Pays Perdu"

Gilmara Delaunay

Des B.D. s’amoncelaient en piles dès l’entrée du magasin. J’en pris une… quelle surprise ! Mon cœur s’arrêta de battre à cause de l’émotion. Je ne savais pas si je devais rire, pleurer ou simplement rester muette tellement j’étais stupéfaite.

Je retournai chez moi (je ne sais comment car je ne faisais rien d’autre que de regarder la B.D.), puis, arrivée dans ma chambre, ouvris le tiroir gauche de ma vieille commode d’où je sortis une pochette en tissu vert.

— C’est bien ce que je pensais…, me dis-je à haute voix. C’est tout à fait incroyable… Je dirais même plus : étrange.

Sur ma vieille pochette verte, un signe bizarre était brodé avec du fil argenté. Ce signe, ce fut mon arrière-grand-mère maternelle qui l’avait cousu. C’est en tout cas ce que m’a dit mon père… Il m’a aussi dit que c’est un symbole de la famille Griumbo, la famille de ma mère. Cette pochette, qui a plus de cent ans, est un trésor familial; en effet, elle est transmise de générations en générations pour que notre famille perdure à jamais… C’est ce que me racontait mon père ! Mais maintenant qu’il est professeur à l’université, il n’a plus le temps de me raconter des histoires… Puis il dit que je suis grande, maintenant. Dommage, car j’aimais beaucoup quand il parlait de ma mère comme si elle venait d’un pays enchanté. « Mais elle était une fée », me dit-il un jour…
Revenant à la B.D., le dessin qui régnait au milieu de ma pochette était inscrit là, à l’encre noire sur papier blanc, dans une des cases de la bande dessinée ! L’histoire s’appelait « Gilmora au pays perdu ». Savez-vous ce que ça veut dire ? Que la personne qui a fait cette B.D., appartient probablement à la famille Griumbo, donc elle doit connaître ma mère, et qui sait, c’est peut-être ma mère ! Pour ne pas faire de déductions trop précipitées, je décidai de m’asseoir sur le fauteuil du salon à attendre mon père, la B.D. dans une main, et ma pochette verte héritée dans l’autre. 
Je ne m’aperçus même pas des heures qui avaient défilé depuis que j’étais allongée sur le fauteuil ; mon père arriva à dix heures du soir, comme d’habitude, las mais heureux. Ou du moins le paraissait-il avec le large sourire qu’il me tendait avant de m’embrasser sur la joue.
— Comment a été l’école ? Me demanda-t-il. As-tu beaucoup de devoirs ?
Mes devoirs… Comme si c’était cela qui me préoccupait en ce moment ! Sans lui répondre, je lui tendis la pochette et la B.D. dans une seule main. Il les prit, resta un peu pensif en regardant ma pochette, feuilleta le magazine, et me les rendit en me disant :
— Tu t’es abonné à un nouveau magazine ?
Je faillis éclater de rire, mais décida de tout lui raconter, du début jusqu’à la fin, de lui faire part de mon projet de retrouver ma mère. Il m’écouta sans interruptions.
— C’est peu être tout simplement une coïncidence, dit-il et se leva.

Définitivement, je ne m’attendais pas à cette réaction de sa part. Je crois que ses espérances de retrouver ma mère avaient disparus depuis si longtemps, qu’il ne voulait pas me voir souffrir à mon tour. « Je serais forte, me dis-je. Et je la retrouverai. »

Le week-end suivant, je me convertis en une vraie Sherlock Holmes ; le téléphone fut mon compagnon la journée entière, et mon meilleur ami se proposa même de m’aider. Il demanda à son père, écrivain de nouvelles, d’utiliser ses meilleurs contacts pour obtenir des informations sur l’auteur de la B.D. Je passai ainsi tout au plus deux semaines, jusqu’au jour où je retournai au magasin de journaux et m’aperçus qu’un nouveau numéro de « Gilmora » avait paru. À la fin de l’histoire, ce que je cherchais apparut comme pas magie : le site web de l’auteur était écrit en gras en bas de la dernière page. En quelques minutes j’étais devant l’ordinateur d’un cybercafé, écrivant à toute vitesse et les mains tremblantes, l’adresse du site qui serait ma seule chance pour arriver au bout de tout cela.

Je n’avais rien dit à mon père. Je pensais lui faire la surprise lorsque je la retrouverai. Ainsi, le jour suivant, grâce aux merveilles de la technologie, je pris le bus et arriva à la maison qui correspondait à l’adresse que j’avais trouvé par minitel. Vous ne vous imaginez pas comment je me sentais ; mon cœur battait si fort que je crus que le sol tremblait en dessous de moi. La bouche sèche comme le désert du Sahara, je sonna. Une fois. Deux fois. Tr…

— Vous désirez ?
Sans que je puisse me rendre compte, une femme assez jeune, haute, cheveux noirs et longs, m’ouvrit la porte.
— Vous… Vous êtes… Regina Solvano? 
— Oui, c’est bien moi.
— Je… Je…
Ce dut être parce qu’elle a crut que je risquais m’évanouir qu’elle me fit entrer. Je pris place dans un joli fauteuil très confortable, et elle juste devant moi ; une petite table carrée en pin nous séparait.
Je dus reprendre mon souffle pour tout lui expliquer, et, je pense que c’était par l’émotion, je lui parlai même de ma mère. Elle me sourit gentiment et me dit :
— Je t’aiderai de tout cœur si cela m’était possible ; malheureusement je ne fais pas partie de cette famille, et je ne crois pas connaître celle que tu cherches. 
— Cela ne fait rien…, répondis-je le cœur lourd. Je voulais simplement en avoir le cœur net.
Me levant, je me dirigeais vers la porte mais elle m’arrêta, apparemment émue :
— Mais tu mérite tout de même un peu plus après tout l’effort que tu as fais. Viens t’asseoir, je vais te dire ce que je sais.

Et ce qu’elle me dit, c’est bien trop long pour que je vous l’écrive. La seule chose que vous saurez, c’est que je continue cette recherche, et je sens que chaque jour je me rapproche de plus en plus de ma mère. Où que j’aille, elle est déjà passée. On dirait qu’elle veut que je la suive. On dirait qu’elle laisse à chaque endroit un tas de sa poudre magique pour ne pas que je me perde, comme la fée qu’elle est.

Lorsque je la retrouverai, je vous raconterai la fin de l’histoire. Mais en attendant, contentez-vous de lire des B.D. ; peut-être trouverez-vous quelque chose à chercher…

 

"De l'autre côté du miroir" de Marion Wolfovski

"De l'autre côté du miroir"

Marion Wolfovski

Cher journal

Lundi 1er 
Les jours se suivent et se ressemblent, personne ne me comprend. Je n'ai pas de copines à qui me confier, j'aimerais que tout change car j'en ai assez de cette vie si triste.

Mercredi 10
Ce soir on est mercredi, donc c'est le week-end et en plus de ça, maman m'a annoncée quelque chose qui m'a fait très plaisir : on a des voisins, la maison d'à côté était vide depuis si longtemps. 
Maman m'a dit que si je le voulais, je pouvais aller aider nos futurs voisins demain matin. Cette nuit je n'ai pas pu dormir, car je me faisais une joie de me dire que demain peut-être, j'aurais une copine ou un copain, qui sait ?


Le lendemain
Ça y est, j'ai pris mon petit-déjeuner et je vais chez mes voisins. Quand je suis arrivée dans l'entrée, personne ne s'est présenté mais c'est une voix, qui m'a accueillie. C'était comme dans un conte de fées. Peu après, j'ai avancé vers le salon et c'est un adolescent qui est venu vers moi. Je l'ai dévisagé de la tête aux pieds. Il était grand, mince et brun aux yeux bleus, enfin tout pour me plaire. Il m'a fait visiter sa maison.

Elle est immense, jolie et excentrique et surtout un peu farfelue, les meubles étaient rouges et blancs, toutes sortes de gadgets pendaient du plafond, chaque meuble parlait, si tu voulais rentrer dans la chambre, il fallait avoir le mot de passe car sinon, une fois que tu étais rentrée, des grilles descendaient de partout et tu étais prisonnière. 
Dehors, la piscine se transforme aussi bien en une patinoire qu'en une plate-forme de gazon. Après cette visite, je l'ai aidé, j'ai surtout accroché les cadres. Et après en avoir installé plus d'une vingtaine, j'ai remarqué que tous les tableaux étaient une couverture de B.D avec pour personnage principal REMO, il était grand, mince et brun aux yeux bleus et c'est seulement après les avoir tous contemplés un à un que je m'aperçus que mon voisin ressemble étrangement au personnage qu'il y a sur les couvertures de B.D.

Je lui ai demandé comment il s'appelait et il m'a répondu Rémo. Alors j’ai pu en conclure qu’il était un personnage de B-D. Après avoir fini de ranger la maison, nous nous sommes parlé très longuement et je lui ai dit que j’étais passionnée par la bande dessinée. Et il m’a expliqué qu’il était né dans une bande dessinée et qu’à l’âge de sept ans, il s’est extrait de son histoire et qu’à peu près tous les soirs, il y retournait.

Je lui ai demandé s’il pouvait m’y emmener, et sa réponse à été « oui ». Il m’a dit que demain, j’y serai. Je n’ai pas très bien compris, mais il m’a dit c’est pas grave. On s’est quitté vers 21h00 et je suis tout de suite allée me coucher.


2 jours plus tard
Hier je ne t’ai pas écrit car comme Rémo me l’avait promis, j’étais plongée dans l’histoire d’une de ses B-D. C’était extraordinaire, le monde était complètement différent. En fait, on rencontre des gens spéciaux qui sont renfermés dans leur monde et ne connaissent rien d’autre. J’avais l’impression d’être dans un rêve. Je n’arrive toujours pas à réaliser. Demain, j’irai voir Rémo pour lui parler.


Le lendemain
Ce matin, je suis allée lui parler et il m’a expliqué qu’il m’avait transférée dans le 4ème épisode de ses aventures. Il s’appelle Rémo dans l’Egypte ancienne. Il m’a dit que les personnes que j’avais vues étaient des pharaons mais aussi des ouvriers qui construisaient des pyramides. Je ne savais pas comment le remercier. Et puis, aussi, je crois que je suis tombée amoureuse de lui. Nous sommes restés une journée ensemble et il m’a confié son chagrin, il m’a dit qu’il n’avait jamais revu sa mère, car elle n’avait pas réussi à s’extraire de la B-D.

Le soir, quand je suis rentrée chez moi, j’ai tout raconté à ma mère et elle m’a répondu que je devais couver la grippe car pour dire ça, je dois avoir 40° de fièvre. Donc résultat, interdiction d’aller voir Rémo pendant une semaine.


1 semaine après
Ce matin, je suis allée voir Rémo, on est allé rendre visite à ses amis mais cette fois-ci dans la Rome Antique. Nous sommes revenus sur terre 5 ou 6 heures après. Vers 19h00, je suis repartie chez moi, mais avant, il m’a offert deux couvertures de B-D, celle de l’Egypte et celle de Rome et il a prononcé cette phrase : « Au moins, tu auras un souvenir de moi. ».

Le surlendemain :
J’ai sonné chez Rémo et personne ne m’a répondu, je me suis approchée de la fenêtre et j’ai remarqué que la maison était vide. C’est alors qu’un chagrin d’amour me parcouru.

 

"Mon étoile" de Zeinab Abdallah

zeinab

"Mon étoile"

Zeinab Abdallah

 

Des BD s’amoncelaient en pile dès l’entrée. J’en pris une… Quelle surprise ! 
C’était l’une de mes préférées : « Ludo pris au piège ». 
Mais lorsque j’ouvris la BD pour me mettre à la lire, je vis une lumière aveuglante. Effrayée je laissai tomber le livre. Quand la lumière devint très forte, je vis des personnages sortir de la BD. Ces personnages étaient Ludo et ses adversaires. J’étais figée comme une statue, bouche bée, quand Ludo s’approcha vers moi et me demanda quel était mon prénom. Lorsque je le lui dis et que nous fîmes connaissance, je l’invitai à manger chez moi. Il accepta avec joie, et lorsque nous finîmes, il me confia le problème qu’il avait. 
Certains garçons de sa classe l’avaient menacé. Ils lui avaient demandé d’assassiner quelqu’un qu’il connaissait sinon ils l’étrangleraient. Les voyous lui avaient interdit d’en parler à quelqu’un. Maintenant, Ludo ne savait plus quoi faire. Mais je lui promis de l’aider. Seulement, si je voulais l’aider il allait falloir qu’on retrouve ses opposants, les garçons, et ensuite qu’on les fasse entrer dans la BD. Il fallait que moi et lui nous y entrions aussi. 
Tout d’abord nous nous mîmes à chercher les garçons qui s’étaient échappés en sortant de la BD. Nous parcourûmes mon quartier qui s’appelait Kariou. Nous les cherchâmes toute l’après midi, mais impossible de les retrouver. Pourtant la bibliothèque devant laquelle ils étaient sortis se trouvait à Kariou. Nous cherchâmes beaucoup quand tout à coup nous les vîmes sortir d’un supermarché. Nous les suivîmes pour trouver l’endroit où ils couchaient. C’était un endroit sombre et humide. Ils habitaient dans une cabane très sale, sans meuble et sans électricité. 
Lorsqu’on eut repéré leur logis, nous décidâmes de rentrer chez moi et d’y retourner le lendemain pour les faire entrer dans la BD.
Lorsque nous arrivâmes chez moi, Ludo et moi montâmes dans ma chambre quand soudain Ludo eut une idée. Il me dit qu’il entrerait dans la BD pour passer la nuit chez lui comme cela sa mère ne serait pas inquiète. J’acceptai mais à condition qu’il revienne très tôt le lendemain. Il accepta et me recommanda d’ouvrir la BD dès mon réveil pour lui permettre d’en sortir. 
Le lendemain matin, je me levai très tôt, je réveillai Ludo qui, aussitôt sortit de la BD. 
Sans faire de bruit, nous sortîmes de la maison. Nous allâmes à Maxi qui était le quartier où couchaient les garçons qui menaçaient Ludo. Mais, par malheur, ils n’étaient pas là. Un vieux monsieur qui les vit sortir nous dit où ils étaient. Encore une fois, ils étaient au supermarché pour acheter de la nourriture. Ce supermarché n’était pas très loin et ils étaient allés faire du shopping. Nous y allâmes aussi pour les retrouver. Lorsque nous fûmes près d’eux, Ludo les appela et au même moment j’ouvris la BD que j’avais apportée avec moi. 
Soudain, une lumière aveuglante les absorba. Il ne restait plus que Ludo et moi. Nous allâmes chez moi. Une fois dans ma chambre, j’ouvris le livre, mais je ne trouvai pas de lumière aveuglante. J’avais peur que Ludo ne puisse plus retourner chez lui. Mais il me rassura et me dit que j’étais à la mauvaise page. Lorsqu’on trouva la bonne page, nous entrâmes dans la BD. Nous étions dans la chambre de Ludo qui était fermée à double tour. 
Je me sentais magique. Le temps de la BD était en avance de douze heures sur celui de mon monde. Il était vingt et une heures dans le monde de la BD et neuf heures du matin dans mon monde, alors je décidai de passer la nuit dans la BD alors que, dans mon monde, il n’était même pas l’heure de prendre le déjeuner. Ludo ouvrit la porte de sa chambre et nous nous dirigeâmes vers la cuisine car on avait faim. Ludo expliqua à sa mère et son père que j’étais une amie à lui et que mes parents m’avaient autorisée à dormir chez lui. Je pris mon dîner ensuite nous nous mîmes au lit. 
Le lendemain Ludo me dit qu’il allait chez ses ennemis pour leur dire qu’il n’avait pas peur d’eux et qu’il ne tuerait personne. Lorsqu’il arriva chez eux, ils lui dirent d’entrer. Ces méchants avaient mis une corde devant la porte pour le faire tomber et il en fut ainsi. Ce malheureux, pris au piège, tomba par terre. Ils l’attachèrent sur une chaise, ils lui fermèrent la bouche avec du scotch et lui bandèrent les yeux. 
Pendant ce temps, je m’inquiétais pour lui. Je paniquais beaucoup, quand, tout à coup, j’eus une idée. J’entrai dans sa chambre en fermant la porte à clef, j’ouvris la BD et la même lumière aveuglante apparut et m’emmena dans mon monde. Lorsque je fus arrivée, je fermai la BD et je la rouvris à une à une page où je pouvais voir Ludo.
À cette page, il n’y avait pas de lumière aveuglante et les voyous ne pouvaient pas me voir. Mais moi je pouvais les voir. Au moment où je vis Ludo, je l’entendis crier :
- Au secours ! Au secours !
Comme une folle je rouvris la BD à la page où il y avait la lumière aveuglante qui m’aspira pour la deuxième fois dans le monde vigilant de la BD. Là, j’expliquai tout à ses parents, ils appelèrent la police qui alla très vite à son secours. Les policiers armés entrèrent dans la maison de ces garçons qui passèrent deux jours en prison. 
Ludo qui m’était très reconnaissant m’offrit un morceau d’étoile qu’il mit dans ma main. Il me dit même que cette étoile me porterait bonheur et quelle serait magique dans mon monde. Je pourrais faire des tours de magie, me transformer en tout ce que je voudrais et cette étoile me rendrait heureuse. Il me promit de venir me voir de temps en temps.
Lorsque je revins dans mon monde, j’ouvris ma main pour être sûre que ce n’était pas un rêve. 
Par bonheur, je vis mon étoile. 
Cette étoile est toujours avec moi. Mais personne ne la voit quand j’ouvre ma main. 
C’est ainsi que se termine mon histoire imaginaire pour vous mais bien réelle pour moi.