FORUM
UNIVERSITAIRE
DE
L' OUEST-
PARISIEN

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Sciences naturelles

 

Conférenciers
Titres des conférences
Dates
Bouteiller Nicole Anguilles : la fascinante migration nov 18 1993
Courtin Jean La grotte Cosquer : un sanctuaire paléolithique englouti jan 26 1995
Couteau L'homme et l'univers déc 11 1991
Daniel Robineau Les grands voyages des baleines déc 16 1993
Darchen Jacques Le temps nait sur la mer nov 24 1994
Darchen Jacques Le Titanic et un certain iceberg fév 9 1995
de la Cotardière Mr L'environnement cosmique de la planète Terre oct 24 1991
Denis Alain Marine nationale et stratégie maritime au 20ème siècle fév 16 1995
Dobler Jean Pierre Protection de l'environnement marin et du littoral déc 01 1994
Eizner Nicole La fièvre verte - Rapport de l'homme à la terre oct 19 1995
Labouérie Guy A la découverte de notre planète bleue oct 13 1994
Lequement Robert L'archéologie maritime jan 19 1995
Masson Philippe Le radeau de la Méduse, dossier du naufrage fév 02 1995
Mollat du Jourdin Michel L'Europe, fille de la mer mai 18 1995
Mousseau Marianne Changements climatiques et le monde végétal nov 19 1992
Perrot Jacques Développement de l'aquaculture déc 15 1994
Poignant Alain Genèse de l'Univers : apparition de la vie jan 16 1992
Poignant Alain L'apparition de la vie sur la Terre jan 23 1992
Poignant Alain L'ère paléozoïque et l'ère mésoïque jan 30 1992
Poignant Alain Naissance des océans : l'ère secondaire fév 06 1992
Poignant Alain Premières étapes de l'histoire de la Terre : le Précambrien jan 09 1992
Pomerol Charles Évolution de la Terre. Apparition de la vie. nov 7 1991
Pomerol Charles Le Quaternaire fév 20 1992
Pomerol Charles L'homme fossile - le devenir de la Terre fév 27 1992
Pomerol Charles Mesure du temps et calendrier géologique oct 17 1991
Pomerol Charles Structure géologique de la France mai 23 1992
Pommier Edouard L'Art de la Révolution mar 23 1993
Renard Maurice Dorsales et volcanisme sous-marin nov 10 1994
Renard Maurice La dérive des continents nov 28 1991
Renard Maurice La dérive des continents et la formation des océans oct 20 1994
Renard Maurice Les séismes, signes de la vie de la Terre Profonde nov 14 1991
Renard Maurice Magnétisme et mobilité de la croûte terrestre nov 21 1991
Thuille Jean-Louis Marine et solidarité humanitaire mai 11 1995
Trolliet Pierre La route du Thé jan 04 1996




Bibliothèque Municipale Landowski
/Espace Landowski

28 avenue André Morizet
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Sciences

 

Conférenciers
Titres des conférences
Dates
Amiral Lepeu La Mer au 21ème siècle, une vocation stratégique (Cycle : "L'aventure maritime") oct 14 2004
Agence spatiale Européene L'Homme et l'espace, Ariane, Alpha jan 30 1997
Audouze Jean L'univers et ses origines oct 14 1999
Auffray Charles Les enjeux de l'étude du génome déc 05 2002
Baclet Jean-marie Quand les chauves-souris font le printemps déc 13 2001
Bauche Gilles Internet ou le monde en réseaux mar 13 1997
Baudrillard Jacques L'exploitation des matières premières et des ressources halieutiques (Cycle : L'aventure maritime) fév 17 2005
Bernard Anne-Marie Les satellites observateurs de la terre jan 14 1999
Boisot Marcel de Broglie, Heisenberg, Schrödinger : la mécanique quantique, une pensée incontournable mar 16 1999
Bologne Jean-Claude L'environnement familial : le mariage, miroir de la société oct 26 2000
Boschetti Bruno La maison du futur, à l'écoute de l'environnement mar 20 1997
Bourgain Michel Le point sur le réchauffement de la planète fev 08 2001
Brahic André Enfants du soleil nov 18 1999
Buchet Christian Naufrage, pollution, sécurité : le bilan de santé de la Mer (Cycle : L'aventure maritime) mar 31 2005
Buffetaut Eric La conquête des airs par les reptiles mar 23 2000
Buffetaut Eric Les premiers oiseaux mar 30 2000
Cavedon Jean-Marc Le nucléaire est-il dangereux? mar 13 2003
Charnoz Sébastien La formation des systèmes solaires nov 25 1999
Chauvet Michel Quelles plantes pour nourrir l'humanité de demain ? jan 23 1997
Cion Robert Energies : quel avenir pour la France ? dec 12 2000
Cons. Reg. Urbain L'écologie du milieu urbain fev 01 2001
Couteau/Frontisi/Levi Comprendre l'infini (+ récital Catherine Couriot) oct 11 1996
D'Arbonneau Thierry - Vice-amiral L'exemple du sous-marin (Cycle : "L'aventure maritime" fév 03 2005
de la Cotardière Ph. La Terre dans l'Univers mai 17 2001
de Rosnay Joël L'homme symbiotique, regards sur le 3ème millénaire fév 27 1997
de Wailly Philippe Le sixième sens des animaux jan 17 2002
de Wailly Philippe Les oiseaux parleurs déc 06 2001
Degos Professeur Cloner est-il immoral ? nov 21 2002
Delbart Franck Les expéditions scientifiques dans les terres australes avr 01 1999
Dewever Patrick La dérive des continents, de la Pangée à la Tethys mar 09 2000
Dewever Patrick Le plancton, de l'infiniment petit à la montagne jan 20 2000
Diez Hubert Les satellites de communication: des téléphones à la télé jan 21 1999
Dominique Planchenault La génétique animal jan 16 1997
Donzier François L'Eau principal problème mondial du 21ème siècle jan 25 2001
Dowek Gilles Peut-on croire les sondages? fev 27 2003
Farouki Nayla Les peurs de la Science et le principe de précaution mar 06 2003
Foucault Alain Le jour où la vie a failli disparaître dec 16 1999
Foucault Alain L'enfance de la Terre dec 02 1999
Foucault Alain L'évolution des climats dec 12 1999
Frecon Eric La piraterie maritime aujourd'hui (Cycle : L'aventure maritime) mar 17 2005
Frydman René Les progrès de la procréation assistée nov 14 1996
Galanaud Pierre L'immunologie : une science du 20ème siècle pour le 21ème siècle mai 06 1999
Geistdoerfer Patrick et Arlette La pêche aujourd'hui (Cycle : "L'aventure maritime" mar 10 2005
Geistdoerfer Patrick La mer fait-elle la pluie et le beau temps ? (Cycle : "L'aventure maritime") nov 11 2005
Geistdoerfer Patrick De La Pérouse à Charcot (Cycle : "L'aventure maritime") jan 06 2005
Guérout Max

L'archéologie maritime (Cycle : "L'aventure maritime") 

mai 12 2005
Houdebine Louis-Marie OGM : en avons-nous besoin ? nov 7 2002
Imbault Huart M-José La médecine de 2015, entre éthique et économie nov 21 1996
Jacquard Albert Quelle frontière entre l'inanimé et le vivant ? mai 18 2000
Janvier Philippe L'apparition des vertébrés : les premiers poissons fev 03 2000
Jouannet Professeur La procréation artificielle, jusqu'où ? nov 28 2002
Khan Axel Le génie génétique jan 09 1997
Lagane Yves La mer au coeur des préoccupations de sécurité (Cycle : "L'aventure maritime") avr 07 2005
Laurin Michel La conquête de la Terre par les vertébrés fev 24 2000
Lazar Philippe L'éthique biomédicale; enjeu de société. oct 17 1996
Lebeau André L'Homme à la conquête de la troisième dimension jan 07 1999
Lebon Ariane "La croisière noire", deuxième mission Citroën en Centre Afrique mar 25 1999
Leroy Jean-Bernard Le traitement des déchets avr 05 2001
Lesueur Dominique La Science est-elle humaniste? jan 16 2003
Lévi Claude Les éponges et leur comportement mar 28 2002
Minster Jean-François Perspectives de la recherche scientifique maritime (Cycle : "L'aventure maritime")

avr 21 2005

Montenat Christian La dérive des continents et la naissance des océans (Cycle : "L'aventure maritime") oct 21 2004
Moser Gabriel Influences de l'environnement sur la psychologie oct 19 2000
Muséum H. Naturellle Les problèmes de l'avancée des déserts mar 01 2001
Muséum H. Naturellle L'origine des mamifères avr 20 2000
Odier Françoise Le droit de la Mer dans le contexte européen et mondial (Cycle : L'aventure maritime) fév 10 2005
Off.N. des Forêts Le point sur l'état des forêts françaises mar 08 2001
Paccalet Yves A l'écoute de la planète sauvage oct 11 2001
Paccalet Yves Les dauphins, ces princes de la mer jan 10 2002
Pageat Patrick Les troubles du comportement du chien jan 24 2002
Pelt Jean-Marie La Terre en héritage mar 22 2001
Peulvast J.Pierre L'exploration de Mars mar 11 1999
Piau Laurent La naissance des étoiles et des galaxies oct 28 1999
Picq Pascal La réussite de l'homme au sein de la planète des singes avr 27 2000
Picq Pascal Les premiers hommes à la conquête du monde mai 11 2000
Picq Pascal Lucy, Abel et les autres :le peuple des australopithèques mai 04 2000
Pison Gilles Six milliards d'hommes aujourd'hui, combien demain ? jan 11 2001
Pr. Geschwind H. Jusqu'où soigner? déc 12 2002
Rogard Vincent Les nouveaux rapports Travail-Temps au 21ème siècle nov 23 2000
Rollard Christine La vie surprenante des araignées nov 15 2001
Rouxel Marie-Christine Renault en Afrique : croisières automobiles et raids aériens (Cycle : La conquête de l'Air)
déc 08 2005
Salomon Marc La communication chez les oiseaux (chants,cris) nov 22 2001
Sene Raymond L'avenir du nucléaire déc 19 1996
Taquet P. Les premiers dinosaures mar 02 2000
Théobald Fabrice La construction navale française en Europe (Cycle : L'aventure maritime) mar 24 2005
Tibon-Cornillot Michel La Science…Pour ou contre l'Homme ? oct 10 2002
Tibon-Cornillot Michel Le corps humain à l'époque de sa reproduction industrielle nov 30 2000
Turon Catherine L'âge de l'univers oct 10 1998
Valentin M. L'Afrique australe mar 18 1999
Vallat Francis L'Erika et la prévention des risques maritimes pétroliers jan 18 2001
Vanney Jean-René Dans les grandes profondeurs de l'océan mar 11 1999
Voisin Claire Les parades des oiseaux nov 29 2001
Voisin Jean-François Les grands voyages des oiseaux oct 18 2001
Voituriez Bruno Les fantaisies climatiques d'El Pino à l'effet de serre fev 04 1999

 




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Tables rondes

 

Conférenciers
Titres des conférences
Dates
Berger Yves/Sorman Guy Les Etats-Unis Recto-Verso (2 cassettes) nov 29 1999
Besnier Jean-Michel La pensée et le cerveau (cassette n° 1) fev 02 1999
Chebel Malek, Vallet Odon, Marzano Michela L'art d'aimer hier et aujourd'hui oct 05 2005
Droit / R.Pol La famille en questions (2 cassettes) mar 19 2001
Droit / Testart Un intellectuel, à quoi ça sert ? (2 cassettes) mai 12 2004
Fédorovski Vladimir Les nouveaux regards sur le Totalitarisme (2 cassettes) déc 03 1997
Humbert / Vallet / Dubs La Bible entre vérité et mythe, religion, histoire, archéologie (2 K7) jan 07 2004
Kahn Jean-François Qui sont les nouveaux maitres du monde ? (2 cassettes) déc 03 2001
Kepel Gilles Islam : Progrès-Démocratie (cassette n° 2) mar 13 2002
Koster Serge/ Spire Antoine Le Gai Savoir (2 cassettes) - 20ème anniversaire du Forum dec 15 2000
Le Bihan Denis La pensée et le cerveau (cassette n° 2) fev 02 1999
Misrahi Robert / Mossé Claude Les démocraties sont-elles en crise? (cassette n° 2) mai 31 1999
Mongin O./ Badie B. Un monde à repenser après le 11 septembre (2 cassettes) avr 08 2002
Moreau-Desfarges P./Bordeza A./Bafoil F./Wolowski P./Cywinski P. La Pologne aujourd'hui nov 25 2004

Villar y Ortiz de Urbina F., ambassadeur d'Espagne/
Tombinski Jan, ambassadeur de Pologne/Moreau-Desfarges Ph./Généreux Jacques/Bouaziz Franck

Regards croisés sur la Constitution Européenne avr 20 2005
Sylvie Petin/ Vassal/ F.Brancion /Claude Fohlen Séance inaugurale de l'année 96/97 de la Mini-Université oct 10 1996
Reeves Hubert Qu'est-ce que l'Homme ? (2 cassettes) jan 24 2000
Reeves M/Gonzales L'histoire de l'univers oct 21 2001
Richard Yann Iran : de la révolution islamique à la démocratie (2 cassettes) nov 19 2003
Vallet Odon Islam : Progrès-Démocratie (cassette n° 1) mar 13 2002
Vallet Odon Les sectes vont-elles remplacer les religions (2 cassettes) oct 15 2001
Vallet Odon Qu'est-ce que le Christianisme ? (2 cassettes) dec 12 2000
Vallet Odon Qu'est-ce que le Judaïsme ?(2 cassettes) nov 14 2000
Vallet Odon, Crété Lilianne Femmes et religions (2 cassettes) nov 13 2002
Vallet Odon/Fohlen Claude Dieu et les hommes (2 cassettes) mar 18 1998

 




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Photos de la conférence : La mer au 21ème siècle, une vocation stratégique

Jeudi 14 octobre 2004 

Ouverture du cycle " L'aventure maritime"

 

 

L'Espace Landowski avant la conférence et l'Amiral LEPEU durant la conférence

 

Pendant et après la conférence

 

Photo de gauche : Mme Petin, directrice du Forum, M. Cusset, président
et le Capitaine de Corvette Alain Faber (H) CESM
Photo de droite : Mme Chatel de Brancion, fondatrice de l'Association

 

Carte blanche à Luc Ferry

Carte blanche à Luc Ferry (11 mars 2009)

 

"La robe rouge" de Claudine Rey

"La robe rouge"

Claudine Rey

"Je suis ambassadeur. J'ai raté ma vie malgré les apparences. Le faste, les invitations, les privilèges, la richesse et je ne sais quoi encore dont tout homme ambitieux rêve, moi, Monsieur, je m'en moque! 
Que m'importe le superflu alors que me manque l'essentiel : l'amour d'une femme* que j'ai sacrifié jadis au profit du devoir familial. Car, je vous le confie, ces avantages m'ont été attribués naturellement . Sans effort véritable. Par charge d'hérédité, en quelque sorte. Parce que mon grand-mère et mon père, eux-mêmes diplomates, en ont décidé ainsi. Contre mon gré. Combien de fois le marginal* étouffé sous l'enfant bien éduqué a tenté de se révolter pour se montrer un fils ingrat* plutôt que cet être faible et incapable de s'insurger contre la foudre paternelle. Finalement, je ne suis qu'un misérable qui a contribué à sa solitude et au malheur de son destin, en partant autrefois de ce pays. 
Savez-vous pourquoi je suis revenu ici alors qu'il y a plus de vingt ans, mon père, sur ordre de mission, a dû quitter cette terre en état de siège*? Parce que j'ai voulu retourner sur les traces de la seule femme qui m'ait véritablement aimé: celle qui m'a initié aux plaisirs de l'amour, alors que j'étais à peine adolescent. 
C'était le fille d'un couple de domestiques de notre maison. Une jeune africaine, de cinq ans mon aînée. Nous jouâmes d'abord à des jeux innocents qui devinrent vite des jeux interdits*. Nous nous retrouvions, la nuit, en cachette dans l'ombre du parc cerné d'une haute futaie. Elle m'initia à l'amour avec une audace et un naturel si troublants qu'au fil des nuits, je ne pus me passer d'elle. Et lorsque le dernier soir, nous dûmes nous séparer, elle revêtit une robe pourpre si décolletée qu'elle découvrait avec provocation le creux de ses reins et la brisure de sa poitrine qu'elle avait haute et ferme. Je me souviens encore de la douceur de sa peau poivrée et du toucher délicat de sa robe, aussi soyeux qu'un pétale de coquelicot. 
Après notre dernière étreinte, nous jurâmes de nous écrire et de nous retrouver quelques années plus tard. Au début, nous échangeâmes une correspondance active puis, tandis que je continuais à lui écrire, je ne reçus plus rien. Je crus d'abord que je ne représentais qu'une passade pour elle et qu'elle avait fini par m'oublier. 
J'appris bien plus tard qu'elle avait contracté une maladie de son pays qui l'avait progressivement affaiblie puis terrassée, par absence de thérapie efficace. Peu de temps après sa mort, j'ai éprouvé le besoin de revenir ici, acceptant une mission dans ce pays à nouveau en guerre. Je suis retourné à notre ancienne demeure à présent abandonnée et envahie par de mauvaises herbes. J'ai crû entendre un son qui traversait les murs, semblable à une mélopée. Quoique profondément rationaliste, j'ai pris peur et je me suis enfui à travers bois. 
J'ai tenté de chasser cet étrange phénomène de ma tête jusqu'au soir où, invité dans l'une de ces réceptions mondaines auxquelles un ambassadeur ne peut échapper, je me suis retrouvé, un instant, tout seul, un verre à la main, face à la baie vitrée donnant sur un parc identique à celui que Noémie et moi avions connu. J'ai crû voir, au loin, à travers la vitre enflammée par l'éclat des bougies, une ombre bouger puis disparaître. "Cela n'est dû qu'à un léger abus d'alcool" me suis-je dit, souriant à la glace. Mais alors que la vitre ne me renvoyait plus que la masse confuse d'une foule d'invités à quelques pas derrière moi, je distinguai soudain le reflet rouge d'une robe échancrée qui virevoltait à travers la salle, sur un air inaudible. Je me suis mis aussitôt à suer, incapable de me retourner. 
Un homme est venu me tapoter sur l'épaule, m'invitant à me restaurer au buffet froid*. Je lui fis brutalement face et l'expression d'angoisse qui avait pâli mes traits l'effraya tant qu'il s'éloigna, apeuré. 
Je remarquais alors qu'un portrait grandeur-nature était accroché à l'un des murs tapissés de la pièce. Je m'approchais progressivement de la peinture, fendant la foule pressée autour de la longue table et lorsque j'arrivais enfin devant, quelle ne fut pas ma stupeur de constater qu'il s'agissait de Noémie vêtue de sa robe rouge. Je me dirigeais droit vers le propriétaire du lieu, le questionnant sur l'origine de la toile. Il me répondit que son auteur était un peintre africain connu dans le pays pour sa méduimnité et ses portraits sans modèle. 
"Celui-ci, en particulier, m'ajouta-t-il, l'a beaucoup inspiré. Il s'imposait à lui avec évidence, comme si ce visage voulait se montrer quelque part pour quelqu'un en particulier, par l'intermédiaire de l'artiste." 
Je regagnais mon domicile avec peine et le soir même, je donnais ma démission en partant sans laisser d'adresse*. 
Me voici à présent, devant vous, au comptoir de ce bar d'aéroport où j'attends le départ de mon avion pour la France. Je quitte définitivement ce pays dévasté par les sortilèges, la maladie et la mort. 
Monsieur, voici la fin de mon histoire et je vous remercie de m'avoir écouté. Je vous fais, à présent, mes adieux." 
"Léon* ! 
- Oui, patron? 
- Qui est ce type qui vous parlait et qui s'éloigne, le dos voûté?" 
- Oh! Personne d'important. Juste un fou qui se prend pour un ambassadeur poursuivi par le fantôme d'une femme."


* titres de films à insérer dans la nouvelle ainsi que le règlement le stipulait

 

"Concerto pour un exil" de Yves Méheut

"Concerto pour un exil"

Yves Méheut

Je suis ambassadeur ; j'ai raté ma vie. Vingt années d'intrigues effrénées pour décrocher le titre : ambassadeur de France. Au Manuatu certes, mais ambassadeur quand même. 

Vous ne connaissez pas le Manuatu ? Charmant îlot perdu où singes policés, indigènes madrés, expatriés imbibés et missionnaires désabusés rivalisent de paresse sous le regard fatigué de quelques diplomates déjà contaminés. Comment en suis-je arrivé là ? Bonne question, cher Monsieur, très bonne question. Émergeons des nuées d'alcool pour tenter l'esquisse d'une réponse sensée. 
L'hérédité a pesé lourd dans cette affaire : mon père, obscur employé aux Affaires Etrangères avait rencontré Maman* à la cantine du Quai d'Orsay. Sous la couette, ces deux sans-grades avaient fomenté un complot mirobolant : concevoir un futur ambassadeur de France ! Ils l'auraient leur revanche, eux qui essuyaient à longueur de journée le mépris* des diplomates de haut rang. Un jour, c'est leur fils qu'on apercevrait à la télévision, trois pas derrière le Président* et le Ministre. L'ascenseur social allait monter, et vite. Pas vrai, fiston ? 
Après le bac, pas d'état d'âme : je devais entrer dans la Carrière. Va pour Sciences-Po où je travaillai d'arrache-pied pour décrocher le diplôme : pas question de faire les quatre cents coups* au Quartier Latin avec les copains. Ayant brillamment esquivé le service militaire d'un coup de piston bien placé, je filai ventre à terre au Quai d'Orsay sous le regard prégnant de mes parents, impatients de me voir jouer dans la cour des grands*. Ma feuille de route était limpide : ambassadeur ou déshonneur. Simple, n'est-il pas ? Simple, mais pas facile quand on n'est ni brillant, ni aristocrate. Heureusement, j'étais rusé. 
En quelques années, je réussis à flatter le ramage de quelques décideurs à particule et décrochai ainsi un poste très convoité à Washington. Chargé du rayonnement de la culture française, je côtoyais les plus grands artistes. On me sollicitait beaucoup pour les dîners en ville, où ma conversation truffée d'anecdotes était très appréciée. Je plaisais, je le sentais, j'en profitais. 
Les jolies femmes tombaient dans mes bras sans un cri* de protestation feinte. Pourtant, ma vie sentimentale, bouquet de conquêtes torrides, se fana brusquement : une liaison plus sérieuse avec une charmante australienne déboucha sur la séparation* habituelle, ponctuée cette fois-ci d'un choc violent, l'annonce de ma future paternité. Après quelques vaines discussions avec Veronica, je choisis la dérobade* en sautant sur la première offre de mutation venue. Courage, fuyons* ! 
De retour au Quai , je décidai de faire profil bas* : la rumeur courait à mon propos, quelques années sous le ciel de Paris* ne seraient pas de trop pour se refaire une virginité. Je ne restai pas inactif pour autant. 
Un ambassadeur se devant d'être marié, et bien marié, la chasse à l'épouse fut déclarée ouverte. Anciennes de Sciences-Po, amies d'amis, et même petites amies d'amis, je passai le marché au crible, à la recherche d'une " jolie, pas idiote et sachant recevoir ". Rapidement, je rencontrai Christine qui, sans être un canon de beauté ni une bête à concours*, avait l'immense avantage de recevoir comme une reine. Je l'épousai derechef ; et à l'église, s'il vous plait. 
Ah le beau mariage* que voilà ! Bingo ! La course à l'ambassade était relancée. Frétillant d'impatience, je flinguai trois collègues concurrents en lâchant la bonne rumeur au bon moment, et peaufinai mon image de futur " grand " en suggérant à Christine d'avoir l'amabilité de me donner deux enfants, ce qu'elle accepta sans rechigner. L'affût* occupait mes journées de soi-disant travail : je guettais le poste tremplin, le marchepied vers l'ambassade. 
Au cours d'une réception au Quai, Brigout, consul à Melbourne, me fit part - sous le sceau du secret - de son désir de rentrer en France : " Tu comprends, les études des enfants ". Mais oui, très cher Brigout, je comprenais bien, parfaitement bien. Que n'avais-tu dit là ! Grâce soit rendue aux confidences éméchées de fin de banquet ! Dès le lendemain, les grandes manœuvres* étaient déclenchées : un jour me suffit pour recouper l'information, trois pour identifier mes concurrents, six pour les neutraliser, dix pour décrocher le poste. Melbourne, antichambre de la gloire ! Les honneurs, la grande illusion* du pouvoir ! 
Déjà trois ans que nous sommes arrivés. Christine organise de merveilleuses réceptions (Hé, hé, je ne m'étais pas trompé…), les enfants chantent la vie en surfant. Au loin, Papa passe l'arme à gauche* dans son sommeil pendant que Maman rêve de mon ambassade. 
Ici, les australiennes minaudent : adorables créatures* ! Il paraît que mon accent " délicieusement français " les séduit. Profitons-en : l'amour l'après-midi et les petits câlins* furtifs agrémentent la vie conjugale* de base. Tout cela est trop beau, je sens confusément que le bonheur* ne va pas durer… 
Un soir de 14 juillet*, réception au consulat. Christine supervise le petit personnel, je circule d'un groupe à l'autre. Tiens, le visage de cette femme ne m'est pas inconnu : beau regard, très attirant. Elle aussi m'observe. Où nous sommes-nous rencontrés ? Les neurones du souvenir cherchent, cherchent encore, trouvent enfin : elle, c'est Veronica, mon ex de Washington. Le grand dadais* à ses côtés ne peut être que son fils, notre fils, mon fils. Non ! C'est pas vrai ! Pas çà ! Pas ici ! Et ma carrière ?
J'aimais toujours Veronica. Pour elle, pas question de renouer, sa vie était faite à Melbourne. Je ne pouvais supporter de la savoir si proche et pourtant inapprochable. Vite un mensonge pour annoncer à Christine ma demande de mutation à Paris ! 
Un regard teinté de haine* agrémenta sa réponse : " C'est drôle, je voulais justement t'annoncer que je rentre aussi en France, avec les enfants mais sans toi. Bien sûr, tes galipettes avec des kangourous femelles n'ont pas échappé à mon attention, mais le plus grave n'est pas là. Depuis notre première rencontre, tu as nié mon existence : à tes yeux, je ne suis pas Christine, mais l'épouse, la gouvernante, la mère des enfants du futur ambassadeur. Je n'ai été qu'un pion au service de ton projet. Le pion demande le divorce* ". 
Maman restait mon seul allié, Alzeihmer commença à la grignoter. Alors, coup de tête* d'un paumé : une île perdue du Pacifique venait d'accéder à l'indépendance, je posai sur le champ ma candidature pour le poste d'ambassadeur au Manuatu. Nul besoin de piston, ce job n'intéressait personne. Tel que vous me voyez, cher Monsieur, je croupis depuis cinq ans dans cette ambassade en forme de hamac. 
Ma femme est partie, je ne vois plus mes enfants, ma mère ne cesse de radoter : " mon fils est ambassadeur ", l'ombre* de Veronica me poursuit nuit et jour*, je joue au poker avec un missionnaire*, au docteur avec une indigène, au backgammon avec un chercheur d'or. Je suis ambassadeur ; j'ai raté ma vie. Vous reprendrez bien un whisky ?


* titres de films à insérer dans la nouvelle ainsi que le règlement le stipulait

 

"Monsieur de Sultana" de Martine Amelot

"Monsieur de Sultana"

Martine Amelot

"Je suis ambassadeur ; j'ai raté ma vie", fut la seule réponse que donna Monsieur De Sultana, diplomate célèbre, à la secrétaire qui lui demandait les raisons de sa consultation. " Je suis ambassadeur ; j'ai raté ma vie ", telle fut la seule et unique phrase que prononça Monsieur De Sultana, tous les jours, pendant trois semaines, durant ses séances de psychanalyse avec le docteur Xélérini. 
C'était la première fois, en trente années de pratique que ce psychiatre parisien, mondialement connu pour l'efficacité de ses thérapies avant-gardistes, voyait un patient passer une heure sur son divan, sans dire autre chose que ces quelques mots. 
Il connaissait la renommée de ce spécialiste de la Chine moderne, autrefois ambassadeur de France en Extrême-Orient, qui parlait sans accent le mandarin et le cantonais, avait écrit plusieurs livres remarquables sur l'économie asiatique et conseillait actuellement tous les investisseurs désireux de s'implanter à Beijin; il n'avait donc aucune inquiétude sur son état de santé mentale. 
Son mutisme l'étonnait mais ne le gênait pas vraiment, et c'est plus par souci d'aider son patient que par ennui qu'il abandonna un jour un des principes fondamentaux de la théorie de Freud et amorça un dialogue ou plutôt un monologue avec Monsieur De Sultana. Il commença par dire quelques banalités sur le bonheur, l'amour, la réussite, cita Platon, Epicure, André Comte-Sponville... 
Monsieur De Sultana l'écouta attentivement sans mot dire. La semaine suivante, sans doute pour établir des rapports plus cordiaux, Monsieur Xélérini délaissa son fauteuil de cuir noir pour venir s'asseoir sur le divan, à côté de son patient. Ainsi installé, il aborda peu à peu, prenant soin de les illustrer d'exemples de la vie quotidienne, des thèmes plus complexes tels la solitude, la difficulté de vivre, l'angoisse de la vieillesse et de la mort, fit référence à Françoise Dolto, Nietzsche … 
Un mois plus tard, sans qu'aucun des deux ne l'ait vraiment anticipé ou désiré, Monsieur De Sultana occupait son fauteuil, et lui était confortablement allongé sur le divan. Monsieur Xélérini ne parut nullement s'offusquer de la situation, son patient avait l'air d'aller tellement mieux, c'était là l'essentiel ; et puis à son âge ce n'était pas désagréable de s'étendre un peu après le repas, d'autant plus qu'il se sentait de plus en plus las. 
Ainsi allongé, il se surprit à évoquer ses problèmes avec son locataire Marius* qui ne payait plus son loyer, ses ennuis avec le fils* de sa deuxième femme, Tanguy*, qui refusait de le voir. Monsieur De Sultana, silencieux, semblait l'écouter religieusement. Alors il s'enhardit, parla de son enfance, de sa mère Rosetta*, qui vivait dans une maison de retraite et ne le reconnaissait plus, de ses trois frères* qui n'allaient jamais la voir, de la mort de son père, tué dans un accident de chasse. 
Monsieur De Sultana paraissait de jour en jour plus détendu, plus serein, plus gai, preuve que la thérapie choisie était vraiment la bonne. Monsieur Xélérini ne pouvait donc que continuer le travail entrepris, tant pis s'il se sentait devenir chaque jour, un peu plus morose, inquiet et fatigué ; un bon médecin ne doit jamais abandonner un malade avant qu'il ne soit complètement guéri. 
Alors peu à peu, au fil des semaines, il raconta ce qu'il n'avait encore jamais dit à personne : ses rêves d'enfant, son désir de devenir pianiste, l'opposition de ses parents à son projet, son obligation de faire médecine comme son père, sa jalousie envers sa sœur aînée, son amour pour sa première femme, son désespoir lorsqu'elle le quitta, son regret de ne pas avoir pris le temps de s'occuper de ses enfants, surtout de sa fille aînée qui vivait maintenant dans une secte, sa peur de vieillir et de mourir. 
Arrivé à ce stade de la confidence, il s'arrêta surpris de sentir dans sa voix ce désespoir qu'il avait l'habitude d'entendre dans celle de ses patients. Ce jour-là, à la fin de la séance, Monsieur De Sultana, visiblement en forme, quitta son fauteuil, lui tendit un chèque en souriant et prononça ces quelques mots : "Merci docteur, c'est formidable, j'ai retrouvé ma joie de vivre, mon enthousiasme, je pense que ma thérapie est terminée ". 
Monsieur Xélérini, acquiesça, dit au revoir à son patient, s'assit, réfléchit un court instant, puis décrocha son téléphone, appela un de ses confrères new-yorkais et s'entendit répondre à la secrétaire qui le questionnait sur les raisons de sa démarche : " I 'm psychiatrist ; I 've made a mess of my life "* * : " je suis psychiatre ; j'ai raté ma vie "


* titres de films à insérer dans la nouvelle ainsi que le règlement le stipulait

"Marseille" de Yaël Bedjaï

"Marseille"

Yaël Bedjaï
(Premier prix)

 

Marseille, le 1er avril 2002.

Je venais de récupérer la valise sur le filet à bagages quand l'homme au chapeau gris anthracite est entré dans le compartiment. " Vos papiers. Suivez-moi, mademoiselle. " 
Je m'apprêtai à répondre lorsque je réalisai qu'il était accompagné de deux hommes de la sécurité vêtus d'une combinaison bleu marine. Je vous dis des hommes mais le terme n'est pas tout à fait exact : c'étaient des molosses. Un mètre quatre-vingt-dix et des épaules en portemanteau. Loin de déclencher les rires, ils faisaient peur à voir. L'homme au chapeau gris anthracite, lui, ressemblait à Monsieur Klein*. 
Nous sommes descendus du train. Le quai était bondé, un brouhaha assourdissant régnait dans la gare. Sans dire un mot et la tête basse, je suivis le policier et ses deux armoires à glace. Terrassée par la honte, les yeux irrémédiablement attirés par le sol, je marchais rapidement avec la simple envie d'échapper au monde entier. " Pas si vite ", fit sèchement l'homme de sa grosse voix. Après un parcours labyrinthique dans la gare, nous arrivâmes devant une porte. Le policier congédia ses acolytes : " Revenez dans deux heures. " Les deux molosses disparurent. Mon inquiétude ne cessait de grandir. 
L'homme ouvrit la porte qui poussa un gémissement plaintif et nous entrâmes dans une salle lugubre et froide. Celle-ci était presque vide : une table, une chaise, un vélux pour éclairer la pièce. D'un bref signe de tête, l'homme m'ordonna de m'asseoir. Il souleva ma valise, la posa sur la table, fit glisser lentement la fermeture éclair autour du couvercle, et l'ouvrit avec des gestes délicats. Il souleva mes vêtements, les quelques bibelots qu'elle contenait. Je le regardais procéder à l'autopsie de ma pauvre valise. Somme toute, je n'avais rien à cacher. 
Mais soudain, l'homme au chapeau gris sortit un, puis deux, puis trois petits sachets en plastique transparent contenant une poudre blanche. " Vous savez ce que c'est, mademoiselle ? ". Mon cœur fit un bond violent dans ma poitrine comme si un bélier cherchait à perforer ma cage thoracique. " Ce n'est pas à moi ! " hurlai-je en bondissant de la chaise. Je m'étais présentée comme une victime : mon entourage, mes parents, le lycée, nous mettaient suffisamment en garde contre les désastres causés par la drogue pour que nous ne culpabilisions pas, même sans raison. " Asseyez-vous ! " ordonna-t-il. " Cela ne m'appartient pas ", répétai-je fortement. L'homme posa son regard de corbeau sur moi en m'obligeant à baisser les yeux. Puis, satisfait de sa "victoire ", il tourna la valise face à moi. " C'est bien votre bagage, n'est-ce pas ? ".
Je levai la tête et reconnus sans peine mes jeans, ma serviette de toilette ainsi que ma trousse de maquillage contenant, entre autres, des sels de bain. L'homme poussa un soupir puis jeta négligemment un des sachets de sel sur la table avant de me lancer sur un ton grave : " Dis-moi, d'où ça vient, cette drogue, tu peux me le dire ? "
Drogue, le mot qui tuait. Cela était vrai. J'avais perdu un cousin qui en avait pris. 
Avant même d'avoir réalisé que j'étais l'objet d'un malentendu depuis le moment où j'avais été accueillie à la gare par l'homme au chapeau gris anthracite et ses deux molosses, j'eus une pensée pour ce cousin avec qui j'avais partagé des jeux lorsque j'étais une petite fille. Yvan. Il s'appelait Yvan. Un garçon qui avait fait les quatre cents coups*, disaient mes parents. Puis, dans ma tête, commença le pire des cauchemars. L'homme confondait mes sels de bain avec de la drogue. 
Mes pensées allèrent tout naturellement à mon père et à ma mère qui, s'ils étaient les seuls à pouvoir me tirer d'affaire, ne manqueraient pas, cependant, de me rappeler l'histoire tragique d'Yvan, doutant, à leur tour, ne serait-ce qu'un instant, de mon innocence. Et là, ils me tueraient. C'était certain. " Alors, reprit l'homme de sa voix pierreuse, d'où vient cette drogue ? Qui est le cerveau* de cette opération ? " Le mot " drogue " me fit trembler à nouveau. Plus les minutes passaient, plus mon angoisse augmentait. Je songeais à l'absurdité de ma situation : affreux quiproquo dont je n'avais expérimenté le procédé qu'en cours de français. Le lien que je venais de faire avec ma vie de lycéenne me ramena à la réalité. 
" Mon oncle* ! Mon oncle ! m'exclamai-je en mettant aussitôt la main devant la bouche, il aura déjà quitté la gare! Laissez-moi partir! " " Doucement, ma belle. Que vient faire ton oncle dans cette affaire ? " 
Il y eut un silence. Sauter dans un taxi*, fuir l'homme au chapeau gris anthracite. " Décris-moi ton parent, j'envoie mes hommes. " Je tournai la tête sur le côté pour ne pas voir les deux molosses. Quant à mon oncle, je ne l'avais jamais vu. " Tu te moques ! " 
Alors je fondis en larmes, j'avais perdu tous mes repères. Cette garde à vue m'était devenue insupportable. C'est alors que soudain sensible à mon désarroi, le policier proposa de me restaurer avant d'affronter la réalité. Il fit venir de la nourriture et des liquides. Les deux hommes me servirent des crêpes. Le policier me fit boire une boisson pétillante, sécha mes larmes en me proposant un grand mouchoir propre puis poussa l'assiette jusqu'à moi comme on tente de gagner la confiance d'un animal sauvage, imprévisible, en lui faisant renifler son assiette. 
Il me sourit, se raidit, me sourit de nouveau puis, sans dire un mot, me proposa un sachet de sucre dans une main, et mes sels de bains dans l'autre. Il se moquait de moi. Je le rabrouai sèchement en lui arrachant le sucre de la main gauche et en battant l'air, de la main droite. Qu'il me rende mes affaires ! Mais plus j'avançais vers lui, plus il reculait. 
Soudain, il éclata de rire. C'était mon oncle ! .

* titres de films à insérer dans la nouvelle ainsi que le règlement le stipulait

 

"Traquenard express" de Alizée Zian

"Traquenard express" 

Alizée Zian

Je venais de récupérer la valise sur le filet à bagages quand l'homme au chapeau gris anthracite est entré dans le compartiment. C'était le troisième train que je prenais et il était encore là. Mais qui était-ce ? nul ne le savait. J'allais descendre en gare de Cadillac mais il me prit par le bras, et me fit signe de me taire.
Inquiète mais bien décidée à découvrir la vérité, je tentai de lui arracher quelques informations sur la raison de sa filature : " C'en est assez ! Que me voulez-vous ? Et en premier lieu, je veux connaître votre identité. 
- D'accord, mais à une seule condition, c'est que vous cessiez de parler si fort. Je m'appelle Léon*, et je suis détective privé. J'enquêtais jusqu'à la semaine dernière à la charge de votre oncle Charlie. Mais le destin a voulu qu'il s'éteigne peu de temps avant la fin des investigations. Cela dit, le problème n'est pas là. 
- J'ai effectivement appris le décès de mon oncle* par mon amie la femme du boulanger*. J'ai rendez vous chez le notaire en début de semaine prochaine pour régler ses affaires. Mais je ne vois toujours pas pourquoi vous me suivez… 
- Baissez vous ! " 
Et tout à coup apparurent dans le couloir deux hommes à la mine patibulaire, munis d'énormes mitraillettes. Ces drôles de personnages tentèrent d'entrer dans la cabine mais le train freina subitement, les faisant tomber. Le détective me fit sauter par la fenêtre et m'entraîna dans une course folle à travers la campagne. Mais nos poursuivants n'abandonnèrent pas. 
Nous atteignîmes un village. Une chance pour nous, c'était la fête de " La soupe aux choux* ". Nous nous fondîmes dans la foule et pûmes enfin semer les deux bandits. Hors d'haleine, mais soulagés, nous trouvâmes refuge dans la vieille église. Une question me brûlait désormais les lèvres : " Qui étaient-ce ? lançais-je au détective avec un air de reproche 
- Ce sont les gorilles de Didier* MacBeth. 
- Didier MacBeth ? 
- C'est un mafieux à qui Charlie doit beaucoup d'argent. 
- Cela suffit, soyez plus clair, je veux savoir la vérité sur Charlie ! m'exclamais-je 
- Bon… Soit, mais c'est risqué… 
- Oh, je vous en prie, ne soyez pas ridicule, au point où j'en suis… - Ok ! Tout d'abord, si Charlie ne vous a pas mise au courant de ses petites activités, sachez qu'il a agit pour vous protéger. Ensuite, votre oncle n'était pas celui que vous croyiez… Il a arrêté le métier de tueur à gage il y a de cela trois ans, gardant une dette d'environ deux millions d'euros. Il a encaissé la somme mais a refusé d'honorer son dernier contrat. Il disparut du milieu et m'engagea alors pour sa protection. Très vite rendu fou par cette vie de bête traquée, il s'est suicidé. C'était le 9 mars. Mais Didier MacBeth a retrouvé votre trace, pensant que vous aviez hérité de sa fortune cachée. C'est donc pour cela que nous avons vu ses hommes de main tout à l'heure. 
- Ça alors ! Si je m'attendais à ça… Oui, je suis sa seule héritière, mais je ne pensais pas… enfin, vous savez, pour moi, ce n'était qu'un petit représentant en confiserie… Mais maintenant, comment vais-je leur échapper ? 
- Il faut que vous changiez d'identité, que vous modifiez votre physique. 
- Mon physique ? De la chirurgie esthétique ? C'est hors de question ! 
- Il s'agit simplement de changer de couleur de cheveux, de style vestimentaire et de porter des lentilles. 
- Dans ce cas, je suis d'accord. 
- Il faudrait aussi quitter le pays… - Je pense pouvoir aller vivre à Londres, où j'ai de la famille. 
- Très bien, je m'occuppe de tout. Là-bas vous ne vous appellerez plus Mélinda Chamfort mais Mary Smith. 
- Et vous ? Qu'allez-vous devenir ? Ils vous connaissent et n'hésiteront pas à vous tuer ! 
- Ne vous inquiétez pas pour moi, je compte disparaître dans le maquis corse où j'ai quelques amis. 
- Alors ici s'achève notre route, je vous souhaite bonne chance, et peut-être nous reverrons-nous un jour, qui sait ? 
- Bonne chance à vous aussi mademoiselle. Voici l'adresse où vous trouverez vos nouveaux papiers, c'est un ami, je m'en occupe." 
Le temps que je range le précieux petit mot dans mon sac, et l'inconnu avait disparu. En sortant de l'église, le soleil m'aveugla. Je traversai la place où se trouvait une cabine téléphonique. Tout alla alors très vite. J'appelai un taxi pour regagner Bordeaux. Comme prévu, un passeport m'attendait à l'adresse griffonnée sur le petit mot. Je n'osai même pas repasser chez moi. J'achetai un billet d'avion pour Londres. Je partis le soir même pour tout recommencer, tenter d'oublier ce mauvais rêve. 
Les années ont passé, je suis mariée, j'ai trois enfants. Je n'ai jamais reçu de nouvelles de Léon jusqu'au jour où je trouvai sa photo à la rubrique fait divers, en dernière page du Times : " Didier MacBeth, un gangster plus connu sous le nom de " Léon " a été arrêté hier matin alors qu'il tentait de s'approprier l'héritage d'une jeune fille. Il avait essayé de lui faire quitter le pays en lui racontant que ses parents avaient été supprimés par la mafia et que sa vie était en danger. Mais sur sa piste depuis de longues années, la police a réussi à déjouer son stratagème. Plusieurs personnes auraient déjà été escroquées. Ses complices courent toujours… "

* titres de films à insérer dans la nouvelle ainsi que le règlement le stipulait